Manuscrit autographe, signé, non daté, complet. Ensemble de 29 pages numérotées, montées sur onglets, relié en maroquin vert (R. Bouzigues), couverture et étui. Titre sur le dos. Sur le plat de couverture, nom de l’auteur et initiales G. F. (pour Gabriel Frizeau, ami très dévoué de Francis Jammes, grand lettré et collectionneur bordelais). Encre et crayons divers. Acquisition Drouot, 4 juillet 1995.

MsR2 (Orthez) / Consulter le document sur Pireneas

Il s’agit du texte de la conférence prononcée par Jammes le 1er février 1924, en la salle de la Société de Géographie (Paris, boulevard Saint-Germain).

Jammes a donné une autre conférence à l’occasion du quatrième centenaire de la naissance du poète vendômois : ce fut aussi à Paris, mais sans doute à l’Université des Annales. Les 33 ff. du manuscrit de cette conférence intitulée « Ronsard poète de la nature » sont conservés à Pau sous la cote : Ms 452/51. Le texte en a été publié par la Revue de Paris, le 1er juin 1924, puis dans Solitude peuplée, ouvrage posthume, Fribourg, Egloff, 1945, pp. 121-146.

Les textes de ces deux conférences sont somme toute assez différents. Entre autres différences, on notera que le manuscrit d’Orthez est amputé de ce qui sert d’introduction dans le manuscrit palois, à savoir le poème de Boileau-Despréaux et son commentaire destiné à expliquer que Jammes a remplacé au dernier moment Anna de Noailles. Par ailleurs, dans le Ms R2, Jammes ne cite pas les douze distiques des Géorgiques chrétiennes qui figurent dans le Ms 452/51.  

En revanche, à deux variantes mineures près, la même longue série anaphorique clôt le texte des deux manuscrits :

Mais, tant que le ciel et la terre raconteront la gloire du Créateur ;
Tant que rira la jeune aurore dans ses voiles émus par la brise ; tant que, soucieux, le crépuscule étendra sa grande ligne ;
Tant que le soleil fera luire les blés, crier les grillons, étinceler les poissons d’argent, palpiter l’azur sur les galets des rivières ;
Tant que la lune versera sa tremblante sérénité sur le front de Roméo qui craint qu’aux sanglots du rossignol ne succède le chant de l’alouette ;
Tant que les feux des pâtres s’allumeront dans la mélancolie de la vallée ;
Tant que la pâleur de la nuit nous fera songer à l’apaisement de la mort ;
Tant que les rosées recouvriront de leurs brillantes poussières les lourds raisins noirs ;
Tant que les lièvres bondiront dans la neige en éparpillant des flocons autour d’eux ;
Tant que la foudre retentira dans les combes parfumées de buis ;
Tant que l’arc-en-ciel rira aux pommiers éblouissants sous la grêle de mars ;
Tant que l’océan basculera ;
Tant que le fleuve mirera les châteaux et la rivière la cabane ;
Tant que le gui offrira ses perles aux fiancés ;
Tant que les troupeaux de mon pays feront bouger doucement la montagne ;
Tant que la rose sera française ;
Tant que le laurier verdira :
Ronsard vivra !

Jammes a écrit un troisième texte consacré au poète vendômois. Il est sobrement intitulé « Pierre de Ronsard » et a paru dans Leçon poétique, pp. 41-67, en 1930.

 

Jacques Le Gall