Recueil factice réunissant les manuscrits autographes de trois conférences que Francis Jammes a données entre 1925 et 1936. La première conférence, signée et datée (1925) occupe 33 pages, numérotées en haut, à droite, au crayon. La seconde, également signée, sans ratures importantes, occupe 31 pages, foliotées de la même façon. La troisième (encore signée) tient en 13 pages plus raturées (la onzième mentionne simplement un poème à recopier). L’ensemble des feuillets (dim : 22 x 17) est monté sur onglets, relié maroquin ivoire, sous étui. Encre, crayon et crayon de couleur.

Fonds Jean Labbé : les deux premiers manuscrits avaient été acquis chez Bérès, avenue de Friedland, en avril 1954 ; le troisième de Loize, au printemps 1949. Don de Madame Marguerite Jean Labbé à l’Association Francis Jammes.

MsR4 (Orthez) / Consulter le document sur Pireneas

Jammes a donné la première de ces trois conférences au Grand séminaire de Bayonne le 9 mars 1925. Son titre : « La Plante dans le domaine spirituel ». Le conférencier s’emploie à y démontrer, exemples à l’appui, que la fleur illustre des vertus comme la charité, la joie, la prudence, le calme, la patience, le recueillement ou la pureté. Pour étayer son propos, il s’appuie sur ses observations, mais aussi sur les vers de poètes vénérés (Baudelaire d’abord, Dante, Mistral, Lamartine ensuite) et sur les travaux de botanistes (Linné, Fabre) que la rigueur scientifique n’a pas détournés d’aspirations spirituelles. Car pour Jammes, la fleur est « l’expression de la matière », donc ce qui accomplit et dépasse la matière. Chaque fleur est un « rameau concentré » qui fait entendre « le murmure infini de Dieu » et toutes les plantes sont des « vestiges du paradis perdu ». S’adressant à un évêque de souche landaise, le conférencier termine par une célébration de la pomme de pin, ce parangon d’humilité, de calme, de persévérance et d’ordre. Cette conférence a donné lieu à un compte-rendu dans le Bulletin religieux du Diocèse de Bayonne, le dimanche 15 mars 1925.

La deuxième conférence (sans date) a été donnée au Collège Stanislas à Paris, autrement dit, pour Jammes, dans une oisellerie dangereusement citadine. Elle n’a pas de titre mais sa « problématique » (ainsi qu’on apprend à dire aux béjaunes) est clairement et bravement annoncée (avec soulignement de rigueur) en page 7 : « De la manière de se construire un nid pour le recueillement nécessaire à l’action ». Après avoir feint de s’étonner qu’on ait pu inviter, si loin de son nid, un drôle d’oiseau comme lui (entendons un coco « aux sabots pleins d’argile », qui ne connaîtrait « que la clef des champs et la divine liberté »), le conférencier va pourfendre (avec beaucoup d’alacrité) trois hérésies : « l’hérésie de l’action terre à terre » (un nid se construit dans les hauteurs), « l’hérésie du frère fouettard » (elle conduit à suivre Zola plutôt que Claudel ou Péguy) et « l’hérésie de l’opportunisme » (sans commentaire). Le citoyen d’Orthez conclut par un hymne à la Joie les cinq parties de son chant. Cette conférence, quoiqu’elle ne soit pas si oiseuse, semble n’avoir jamais été publié.

La troisième conférence a eu lieu à l’École Missionnaire Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus, à Baudonne, dans les Landes, le 23 juillet 1936, à l’occasion d’une distribution des prix, donc peu avant le départ en vacances des écoliers. Son titre (il n’y en a pas d’explicite) pourrait être (comment s’en étonner) baudelairien : « L’Invitation au voyage ». Jammes commence par reprendre des souvenirs personnels bien connus (Bordeaux, « la grande voix des vaisseaux » versus l’ennui d’un lycée encalminé), il cite de grands noms (Jean de la Croix et son Cantique spirituel, Jules Verne, le Père de Foucauld) et les paroles du Seigneur : «Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit ».  Il s’agit pour le conférencier de fortifier des vocations, d’encourager de futurs missionnaires à prendre le large : « N’écoutez que le chant de votre départ ». Se trouve donc repris, avec cette conférence, un thème développé au second chapitre de  Lavigerie : celui de l’invitation à un Voyage dans l’espace mais aussi à un voyage spirituel. Cette troisième conférence a été publiée par L’Écho des Missions africaines de Lyon, 35ème année, n° 8, octobre 1936.

Jean Labbé a annexé à la suite du texte de cette troisième conférence une lettre (datée du 25 octobre 1949) adressée par le Supérieur de l’École Missionnaire de Baudonne à Bernadette Jammes.