Manuscrit autographe (65 ff. dim : 27 x 21 et 8 ff. dim : 22 x 16,5), non signé. La date du début de rédaction (mars 1928) est notée au crayon en haut et à droite sur la page du Prélude encore intitulé « La chanson du vieux poète » (le titre définitif sera : « La chanson basque »). Encre et crayon. Nombreuses corrections. Ce manuscrit appartenait à l’Association Francis Jammes qui l’a cédé à la Médiathèque Jean-Louis Curtis d’Orthez

Ms215 (Orthez) / Consulter le document sur Pireneas

Le poème, car ce « Roman » est un poème, comporte 146 strophes de six vers décasyllabiques holorimes. Il est composé de trois Chants. Le Chant I est consacré à la patrie que Michel Oyharçabal a dû quitter à vingt ans, poussé par « la Misère » et par de mirifiques promesses. On notera l’anaphore (« Il a quitté ») et ce cri qui fut en effet celui de beaucoup de Basques (et de Béarnais, de Pyrénéens d’une façon générale) : « - Où je m’en vais ? Je vais aux Amériques ! »

Les deux Chants suivants décrivent les aventures mexicaines de l’ancien petit pâtre d’Ayherre. Ces aventures sont évidemment de tous ordres, y compris sentimentales. Désormais riche et respecté, Oyharçabal séduit América, la fille aînée et magnifique d’un Crésus local. Il n’en reste pas moins attaché à son pays natal, à tout ce qui peut le lui rappeler, en particulier à tous ceux qui l’ont quitté pour aller aux Amériques. Ces Basques de l’exil sont longuement évoqués au Chant III et aussi Kattiche, la très gracieuse fille de Jean-Baptiste Berducco chez qui Oyharçabal aime à se ressourcer. Choisira-t-il « América, richissime banquière, / Ou bien Kattiche, une pauvre épicière » ? Lors d’une expédition dans la forêt vierge, notre héros est enlevé par un immense oiseau appelé le "Porte-Mort". América le sauve mais le fier Oyharçabal ne lui accorde rien en échange.

Un second manuscrit (Ms 525) du même texte est conservé à Pau (L’Usine des Tramways). Il fait partie du Fonds Jean Labbé. Il est postérieur au manuscrit d’Orthez et beaucoup plus lisible. C’est, acheté à Bayonne, Librairie-Papèterie F. Forest, un cahier d’écolier vert que Jean Labbé a protégé dans un coffret vert émeraude et or réalisé à Paris. Il comporte 39 pages (les pages 35 et 36 sont vierges, les deux dernières ne sont pas numérotées) et s’ouvre sur deux moutures d’une intéressante Préface. Jammes y revendique un « art primitif » débarrassé de toutes les « conventions d’écoles » et de ce qu’il est convenu d’appeler « le bon goût ». Il sait que beaucoup ne le comprendront pas et tiendront ses « Vers pour des Vers de mirliton ». C’est, explique-t-il, parce qu’il tient les caricatures « pour les seuls portraits réussis », qu’il a adjoint l’adjectif « comique » au titre (le manuscrit de Pau en fait foi). Quant au rythme et aux rimes, ils s’imposaient puisque la parole de l’homme primitif fut un chant. Jammes précise qu’il a « fait vivre un Basque et des Américains » sans « souci de peindre une époque trop déterminée ». Le poète se fait enfin gloire d’avoir parlé « une langue qui est celle du peuple, immortelle et savoureuse, la langue de la vérité qui choque les littérateurs. »

Ms525 (Pau), coffret vert émeraude et or / Consulter le document sur Pireneas
Ms525 (Pau), préface / Consulter le document sur Pireneas
Ms525 (Pau), page intérieure / Consulter le document sur Pireneas

L’Association Francis Jammes a publié Le Roman comique d’Oyharçabal et d’América en novembre 1988 à l’occasion du centenaire de la mort de Francis Jammes. Le texte est précédé d’un avant-propos d’Yves-Alain Favre et illustré par Mattin Partarrieu. Le poème a ensuite été publié en 2006, dans l’Œuvre poétique complète (OPC), pp. 1478-1504.

Le Roman comique d’Oyharçabal et d’América, édité par l'Association F. Jammes Orthez en 1988
Illustration
Ah ! Ce n'est pas, sur ton petit cheval. (strophe 29)
Pour c'en cacher, elle ouvre l'éventail (strophe 63)