Éléonore et Augustin Bellot

les grands-parents maternels

Joseph-Ermend Bonnal, plus connu sous le nom d'Ermend Bonnal est né à Bordeaux le 1er juillet 1880. C’est de son père qu’il reçoit les premières leçons de musique. Après avoir suivi l’enseignement de Gaston Sarreau à Bordeaux, il entre à dix-sept ans au conservatoire de Paris. Ses maîtres y seront Charles Bériot (piano), Alexandre Guilmant (un des fondateurs de la Schola Cantorum) et Louis Vierne (orgue), Gabriel Fauré (composition). Il fut également élève de Charles Tournemire pour l’orgue. Ses études musicales s’achèvent par l’obtention d’un prix d’orgue et d’improvisation en 1903.

E. Bonnal, organiste à Sainte-Clotilde / Association des Amis d'Ermend Bonnal

 

Ermend Bonnal a été organiste, compositeur et professeur. C’est après une activité musicale à Paris (suppléant de Charles Tournemire à la basilique Sainte-Clotilde) et Bordeaux (titulaire de l’orgue de la basilique Saint-Michel) qu’il fut nommé Directeur de l’École de musique de Bayonne où, titulaire de l’orgue de l’église Saint-André, il fonda, en 1922, la Société des Amis de la Musique et, en 1931, les Concerts Rameau. Il terminera sa carrière à Paris comme titulaire du grand-orgue de Sainte-Clothilde, succédant à Tounemire en 1940. Il est mort à Bordeaux le 14 août 1944. Il repose au cimetière d’Arcangues.

E. Bonnal à 30 ans / Association des Amis d'Ermend Bonnal

 

Outre ses œuvres pour orgue, dont Les Paysages euskariens, on lui doit un psaume hébraïque Adon Olam, de la musique de chambre (deux quatuors à cordes et un trio pour piano, violon, violoncelle), des mélodies, des trios pour voix de femmes, des harmonisations de chansons populaires, un poème symphonique (Tombeau d'Argentina), un Ballet basque, une symphonie avec chœur... et des pièces de ragtime, valse, tango ou one step sous le pseudonyme de Guy Marylis.

Ermend Bonnal et Francis Jammes furent très liés. Tous les deux père d’une nombreuse famille, ils partageaient la même sensibilité ainsi que la même foi chrétienne. Et puis ils furent voisins : Jammes habite Hasparren de 1921 à 1938, Ermend Bonnal vit au Pays basque entre 1920 et 1941. Le poète rendait régulièrement visite au musicien lors de son passage hebdomadaire (le mardi) à Bayonne. Il a écrit une préface-poème aux Chansons d’Agnoutine composées par Ermend Bonnal d’après l’œuvre du poète landais Loÿs Labèque :

 

PORTRAIT D’ERMEND-BONNAL

Taillé dans le dur bois d’un chêne harmonieux,
Ton profil, Bonnal, se confond avec l’orgue ;
Mais de nous déchiffrer le silence des cieux
Ne te remplit jamais de vile et sotte morgue.
Comme aux astres, le jour voilés par leur pudeur,
L’ombre est ce qui convient à ta noble carrière.
Ah ! Que tombe la nuit, et toute ta splendeur
Saura la consteller de notes de lumière.

 

Francis Jammes a écrit ses Poèmes franciscains, sous-titrés « Ariettes pour les Anges », (O : Ms 196a, 196b, 196c) en 1925-1926. Il s’agit d’un livret écrit pour être mis en musique. Ce qui est assez rare. Le Poverello est partout présent dans l’œuvre du poète. D’une façon inoubliable dans Le Roman du Lièvre, en 1903. Les Poèmes franciscains seront successivement publiés dans le Journal de Francis Jammes (1929), dans l’ouvrage posthume (1944) Sources et Feux (O : Ms 70-14f et O : Ms 71a) et dans OPC, pp. 989-1003. Ils ont été dédiés à Francis Ermend Bonnal (fils du musicien et filleul du poète) :

À
FRANCIS ERMEND BONNAL

MON FILLEUL
POUR QU’IL GRANDISSE DANS L’HARMONIE
AU MAÎTRE ADMIRABLE
QU’EST
SON PÈRE
JE DÉDIE
CES
POEMES FRANCISCAINS

 

L’oratorio pour voix solistes, chœur et orchestre composé par Ermend Bonnal est une fresque musicale constituée de dix-neuf tableaux contrastés : depuis « La Présentation de la Sainte Vierge au Temple » (précédée d’un « Prélude ») jusqu’à « L’Éternelle Demeure». L’œuvre peut sans doute être rapprochée de l’écriture d’un Debussy. Il s’agit d’une pure musique française. En constant mouvement (comme l’air et l’eau), elle varie sans cesse de couleur, de vitesse, de rythme… Aucun effet facile, une retenue lumineuse et habitée, des demi-teintes, une profonde humanité, la distance qu’il faut pour servir un texte qui pourrait paraître naïf mais qui – c’est au cœur de la poétique de Jammes – cherche à retrouver l’esprit d’enfance et du primitivisme franciscain.

Ms196a / Consulter le document sur Pireneas

 

Le poème lyrique d’Ermend Bonnal a été partiellement interprété pour la première fois au théâtre de l’Alhambra à Bordeaux le 14 novembre 1926, à l’occasion du septième centenaire de la mort de François d’Assise. Il est repris la même année au Théâtre municipal de Bayonne, sous la direction du compositeur. Il a ensuite été donné en première audition intégrale le lundi 27 avril 1931 à Bayonne. En 1936, le chef d’orchestre Paul Paray en dirige des extraits à Paris, au théâtre du Châtelet. En 1981, Les Poèmes franciscains sont repris à la cathédrale de Chambéry sous la direction de François Bonnal, fils du compositeur. Ils sont également interprétés à Londres, en 1998, par le London Symphony Orchestra et retransmis à plusieurs reprises par la BBC. C’est, jusqu’ici, le seul enregistrement existant. En 2009, la rencontre de Marylis Raoul-Duval, fille d’Ermend Bonnal, avec la chef Nicole Corti aboutit à la création d’une nouvelle version de la partition pour petit ensemble instrumental. Cette version inédite a été jouée à deux reprises en août puis en octobre 2014 à Notre-Dame de Paris. Le 29 novembre de la même année, l’oratorio intégral est donné en l’église Saint-André de Bayonne (chef d’orchestre et chef de chœur : Nicole Corti).

À l'ami Ermend Bonnal / P. G. Rigaud, 1903 / Association des Amis d'Ermend Bonnal

 

 

 Jacques Le Gall