Henri Ghéon

(1875 – 1944)

[Pierre Loti en civil] / Consulter le doucment sur Gallica

 

Louis-Marie-Julien Viaud est né à Rochefort le 14 janvier 1850. Il fut à la fois Officier de Marine et écrivain. Une grande partie de son œuvre est autobiographique et il s'est souvenu de ses voyages, en Turquie, à Tahiti, au Sénégal ou au Japon pour écrire ses romans : Azyyadé (1879), Le Mariage de Loti (1880), Le Roman d’un spahi (1881) ou Madame Chrysanthème (1887). La Bretagne l’a également inspiré pour Mon frère Yves (1883) et Pêcheur d’Islande (1886), ainsi, pour Ramuntcho (1897), que le Pays Basque où il finit sa vie, comme le fera Jammes.

Jammes a consacré un texte de quatre pages au roman de Pierre Loti intitulé Le Livre de la Pitié et de la Mort, paru en 1891 (pièce du P : Ms 452). Sans doute pour le remercier après la parution de la plaquette Vers, chez Ollendorf en 1894 : c’est en effet grâce à l’illustre romancier et au baron Chassériau que cette plaquette a pu être publiée par un éditeur parisien. Les treize premiers poèmes formant la première partie de Vers (1894) sont d’ailleurs dédiés à Pierre Loti ainsi qu’à Christian Cherfils.

Dans les quatre pages de son article sur Le Livre de la Pitié et de la Mort, Jammes fait l’éloge de la sympathie manifestée par Loti envers les animaux comme envers les humbles. Il loue aussi le style de ce roman qu’il vient de relire : à l’opposé des effets appuyés qu’il dénonce dans Salambô, Axël, À rebours ou Germinie Lacerteux, ce style, écrit-il, « vit par lui-même, il puise son originalité dans sa simplicité. C’est écrit en mineur, sur deux ou trois notes sourdes dont les nuances varient indéfiniment ».

Ms452, Pochades/ Consulter le doucment sur Pireneas


L'influence que Loti exerça sur Jammes (en particulier sur le mémorialiste) est sans doute assez considérable : en particulier, De l'âge divin à l'âge ingrat porte l'empreinte du Roman d'un enfant, publié en 1890.


Jammes semble avoir rencontré pour la première fois Loti au milieu des années quatre-vingt-dix chez Frédéric-Arthur Chassériau. Le mémorialiste de L’Amour, les Muses et la Chasse (pp. 164-168) a donné de cette exceptionnelle soirée qu’il qualifie de « mondaine » une description dont voici un pittoresque extrait :

Pour cette soirée mondaine, l’une des quatre ou cinq que j’ai acceptées dans mon existence, on avait mobilisé une dizaine de gens chatnoiresques, aux Lavallières démesurées, qui projetaient sur un écran, en ombres chinoises, quelques pages de Loti et poèmes de moi. Je distinguais, sur la toile, ma propre silhouette et celle de ma bien-aimée à mon bras. J’avais l’air dans cette fantasmagorie, éclairée par un phare, d’un renard mouillé par le gel.

Pierre Loti en officier/ Consulter le document sur Gallica
Portrait de Pierre Loti / par Henri Rousseau
Pierre Loti jouant au jeu de Paume, 1908 / Consulter le document sur Gallica
Sylvie dans Ramuntcho/ dessin de Y. Marevéry / Consulter le document sur Gallica


Dans Poème d’Ironie et d’Amour, texte sans doute écrit vers 1895, sorte de préfiguration en prose d’Existences, le héros note, parmi ses ouvrages préférés, Le Livre de la Pitié et de la Mort.

Le Deuxième Livre des Quatrains contient également quatre vers dédiés à Pierre Loti.

Lorsque Jammes se présente pour la deuxième fois à l’Académie française, en 1924, c’est pour y succéder à Loti.

Dans une lettre à Madame Alphonse Daudet du 27 novembre 1909 (Ms 357), il avait prétendu que seule la succession de Loti pouvait le tenter d’entrer sous la Coupole. Comme on sait, c’est Abel Besnard qui fut élu au fauteuil de Pierre Loti.

Pierre Loti en civil / Consulter le document sur Gallica
Ms357/ Consulter le document sur Pireneas