Paul-Jean Toulet

(1867-1920)

Manuscrit autographe (1 f. ; dim : 22 x 18), non daté, non signé. Encre. Partiel. Acquis au printemps 1949 chez Matarasso, libraire et bibliophile, rue de Seine à Paris.

Ms452/07 (Pau)

Jean Labbé estimait ce manuscrit « particulièrement significatif de la manière de composer du poète » : les huit vers à l’encre et les deux au crayon au verso (ils s’intercaleront entre les vers 4 et 5) s’élargiront (au prix de quelques variantes mineures) en un poème définitif de quatorze vers.

Magnifique poème de premier jet. En voici la version définitive, celle qui a paru, en 1898, dans De l’Angélus de l’aube à l’Angélus du soir (OPC, p. 69) :

Avec ton parapluie bleu et tes brebis sales,
avec tes vêtements qui sentent le fromage
tu t’en vas vers le ciel du coteau, appuyé
sur ton bâton de houx, de chêne ou de néflier.
Tu suis le chien au poil dur et l’âne portant
les bidons ternes sur son dos saillant.
Tu passeras devant les forgerons des villages,
puis tu regagneras la balsamique montagne
où ton troupeau paîtra comme des buissons blancs.
Là, des vapeurs cachent les pics en se traînant.
Là, volent des vautours au col pelé et s’allument
des fumées rouges dans des brumes nocturnes.
Là, tu regarderas avec tranquillité,
L’esprit de Dieu planer sur cette immensité.

 

Surtout après ses séjours et pérégrinations en vallée d’Ossau, Francis Jammes aura, à plusieurs reprises, l’occasion de dire combien il aurait aimé partager la vie des bergers pyrénéens. On se souvient qu’Almaïde d’Étremont s’éprendra d’un tout jeune berger : Petit Guilhem. Mais aussi de ce tableau virgilien que l’on trouve dans Jean de Noarrieu (P : Ms 433) et dans Les Géorgiques chrétiennes : la descente des troupeaux à la fin de l’été, sous la houlette d’un berger accompagné de ses chiens.

 

 

Jacques Le Gall