Ms1 (Orthez)

« Caügt avait deux jolis coqs… »

Manuscrit autographe (1 f. ; dim : 31 x 20), signé et daté (juin 1902). Encre. Deux ratures seulement. Acquis de Loize au printemps 1948.

Poème écrit en juin 1902, publié sous ce titre dans le Mercure de France la même année. Repris dans Clairières dans le Ciel sous le titre : « Je pense à vous… » (OPC, p. 555).

Ms452/27 (Pau)

Une bonne partie de ce poème paraît transcrire les images et les dialogues d’un rêve (un rêve fait pendant une sieste) autant que d’une pensée éveillée. Le sommeil gagne peu à peu la jeune fille rêvée et surtout le poète rêveur. D’où, probablement, les points de suspension finaux :

JE PENSE A VOUS…

Je pense à vous. Mes yeux vont du buisson de roses
aux touffes du chaud seringa.
Je voudrais vous revoir quand les raisins muscats
dorment auprès des reines-claude.

Depuis que je suis né, je sens au fond du cœur
je ne sais quoi d’inexplicable.
Je vous dis que la rose est tombée sur le sable,
que la carafe est sur la table,
que la fille a mis ses sandales
et que le scarabée est plus lourd que la fleur.

− Mais tous ces foins, les aura-t-on bientôt fanés ?
− Ô mais, mon amie, tout se fane :
le foin tremblant, le pied de l’âne,
les chants du merle et les baisers.

− Mais nos baisers, ami, ne se faneront point ?
− Non certainement. Que de foin
se fane, disais-je, c’est bien.
Mais nos baisers, amie, ne se faneront point.

− Je crois que vous vous endormez, car vos paroles
n’ont qu’une suite vague, et puis vous reprenez
ce que vous venez de me dire.
− Mon amie, mon amie, écoutez les cerises
chanter sur la pelouse chaude…

− Non pas. Ce sont les reines-claude.
− Mais non. C’est votre chaste robe
sur le versant de la forêt
où vous avez herborisé.
− Non… Vous aviez raison, aimé.
Ce sont les reines des cerises
qui s’endorment dans l’enclos de…

 

Jacques Le Gall