Ms231 (Orthez)

Prière pour pardonner une offense (1898)

Manuscrit autographe (2 ff. ; dim : 27 x 21), daté (Hasparren, 1922) et signé, écrit à l’encre, d’une écriture large, sur papier gris-bleu.

Ms452/38-2 (Pau)

Il s’agit d’un fragment du volume III des Mémoires de Jammes : Les Caprices du Poète. Ce fragment parut d’abord dans La Revue universelle, tome 13, n° 4, du 15 mai 1923, pp. 420-421. Il est consacré à Gabriel Frizeau (1870-1938), un camarade de lycée que Jammes ne retrouva « que douze ou treize ans après l’avoir perdu de vue ». De vieille souche bordelaise, à ce titre ami des vignes et des livres, des lois et des arts, il était « de la race de Montesquieu et de Montaigne », en somme d’une intelligence parfaitement équilibrée. Il possédait une remarquable collection de tableaux d’Eugène Carrière, de Paul Gauguin ou d’Odilon Redon. Dans son hôtel bordelais, au 17 rue Régis, ce fin lettré et collectionneur éclairé recevait une pléiade de jeunes hommes talentueux et passionnés : des écrivains comme Jacques Rivière (le futur secrétaire de rédaction de La Nouvelle Revue française) ou Alexis Leger (le futur Saint-John Perse), des peintres comme André Lhote.

Concrétisant une idée de Claudel qui se souvenait de la pénible solitude où l’avait jeté sa conversion, ce grand catholique créa une « Coopérative de Prières » qui avait pour but de réunir des intellectuels convertis. L’Association se recrutait par cooptation et finit par compter une centaine de membres. Elle se maintint pendant vingt ans (1908-1928) jusqu’à ce que la crise de l’Action française amenât sa disparition. Francis Jammes faisait partie du Comité directeur de cette « Coopérative ». Gabriel Frizeau fut l’un des amis les plus dévoués de Francis Jammes : en témoigne la correspondance qu’il entretint avec ce dernier (ainsi qu’avec Claudel) à compter de 1897. Dans le fragment conservé à Pau, le mémorialiste se demande seulement pourquoi une pareille intelligence, d’ailleurs à l’abri des soucis de la vie matérielle, ne fit pas « œuvre personnelle ». Et il répond de façon hypothétique :

Peut-être, auprès d’une femme aimante
et d’enfants gracieux,
a-t-il voulu se contenter du bonheur.

Gabriel Frizeau / Fonds Association F. Jammes, Orthez

Gabriel Frizeau
Fonds Association F. Jammes Orthez

Bibliographie : 1/ Correspondance de Francis Jammes avec Paul Claudel et Gabriel Frizeau. Introduction et notes du Père Blanchet, Paris, Gallimard, 1952. 2/ Francis Jammes-Gabriel Frizeau, Correspondance (1897-1937), textes établis et annotés par Victor Martin-Schmets, Biarritz, Atlantica, 1997. 3/ Jean-François Moueix, thèse de troisième cycle consacrée à Gabriel Frizeau (inédite). 4/ Pierre Savin : Gabriel Frizeau. Viticulteur girondin, amateur d’art. 1870-1938, J&D Editions, Biarritz, 1996.

 

 

Jacques Le Gall