Ms 433 (Pau)

Jean de Noarrieu (Triomphe de la vie) (1901)

Manuscrit autographe (3 ff. ; dim : 27,5 x 21,5). Non daté, non signé. Acquis de Loize au printemps 1949.

Ms452/61 (Pau)
Ms452/61 (Pau)
Ms452/61 (Pau)

Les trois feuillets de premier jet, écrits au crayon, fort raturés, sont suivis du texte imprimé (2 ff. ; dim : 31,5 x 23,5).

Ms452/61 (Pau)
Ms452/61 (Pau)

Même inspiration que celle des cinq « Idylles » recueillies dans Sources et Feux : I/ « Le Rossignol » : strophes holorimes de huit vers ; II/ Le Vers luisant et IV/ « Le Martin-pêcheur » : strophes holorimes de douze vers, comme « Le Vanneau » ; V/ « Au plaintif Rouge-gorge » : strophe holorime unique de vingt-huit pieds.

Marcheur, pêcheur et chasseur, Francis Jammes se passionna d’abord pour la botanique. Très tôt, à Bordeaux, en même temps qu’à son cher Armand Clavaud, il en appela à Linné, le « plus rococo des herborisants », « le maître du plein air », « le délicieux, le minutieux recenseur d’étamines » pour échapper à « ces rageurs vêtus de jaquettes, à ces pistolets qui, du haut de leur chaire » tenaient en joue le lycéen récalcitrant :

Tout le soleil entrait avec le Suédois, toute sa bonhomie le suivait. Et son large parasol, adapté à sa perruque, sa boîte plus verte que la forêt, son piochon terreux, et cette odeur de jonchée de Fête-Dieu qui s’exhalait de sa veste de lin, conspiraient contre cet agrégé sans valeur.

Mais la géologie et la zoologie l’intéressèrent aussi. Le prouverait, entre autres textes, son livre intitulé Basses-Pyrénées. Histoire naturelle et poétique, publié aux Éditions Émile-Paul Frères, en 1926, dans la collection « Portrait de la France » dirigée par Jean-Louis Vaudoyer (frontispice de Daragnès).

Aux oiseaux fréquentant le même biotope que l’homme de plume, ce précieux ouvrage consacre six pages. Bien des volatiles s’y rencontrent. Les rapaces, diurnes ou nocturnes, les échassiers, les oiseaux que le poète chassait et que le chasseur poétisait, dont les cailles et les perdreaux, la palombe et… la bécasse :

J’ai souvent décrit la bécasse. Je me résumerai en disant qu’elle a l’air d’un bouquin de cuisine savante, relié en feuilles mortes, et chiné aux marges. C’est la plus amusante des chasses, de novembre à mars. Partout, cà et là dans les bois, dans les gaulis au bord des ruisseaux, les bécasses tiennent volontiers salon, y suspendant leurs miroirs vif-argent, aux environs d’Orthez : Balansun, Mesplède, Castétis.
(p. 48)

Or, il n’était pas question du vanneau dans Basses-Pyrénées. Les quelques lignes du manuscrit 452/61 sauvent de l’oubli ce drôle d’oiseau. À tire d’aile, elles lui font rejoindre le « teru-tero » et l’Uruguay (« le fleuve des oiseaux » en guarani) de Jules Supervielle : « Comment admettre maintenant que le teru-tero n’est autre que le vanneau ? Mais est-ce vraiment tout à fait le même oiseau ? J’espère bien que non, et qu’un jour quelqu’un le prouvera (Boire à la source).

Le texte de Jammes sur les Basses-Pyrénées a été repris en 1930 dans Champètreries et Méditations, aux Éditions Horizon de France, dans la collection « Champs » que dirigeait Henri Pourrat. En 1978, à l’occasion de l’exposition qu’elle avait organisée à Orthez, l’Association Francis Jammes en a donné une nouvelle édition (Pau, Imprimerie de Navarre), avec introduction par Roger Gonot, notes par Jean Vivant et aquarelles par Jean Ayrault.

Francis Jammes et son chien Rip

Francis Jammes et son chien Rip sur la colline Lapeyrère
Fonds Association F. Jammes Orthez

 

Jacques Le Gall