Ms 18a (Orthez)

Sur un Académicien (1905)

Manuscrit autographe (2 ff. ; dim : 31 x 21), non signé, non daté. Encre. Les feuillets sont numérotés 5 et 6.

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Cette prose – il s’agit d’une méditation sur la gloire – paraîtra dans Pensées des Jardins, Paris, Mercure de France (pp. 37-40). Quelques variantes par rapport au texte imprimé, dont voici l’introït :

Les enfants qui voient leur grand-père, avant qu’il se rende à la séance de sa réception à l’Académie française, serrer ses bretelles devraient à jamais se faire une juste idée de la gloire. Nous ririons fort si un lapin se vêtait de feuilles de choux, ceignait en guise d’épée une brochette, coiffait une peau d’aubergine en manière de claque, et s’allait asseoir en face de trente-neuf lapins accoutrés de même sorte.

À cette volée de bois vert succède le portrait-charge d’un Académicien rencontré à Paris, puis l’évocation de quatre géants de la littérature (Dante, Cervantès, Rabelais, Balzac) pourtant bien mal fagotés, et enfin l’aubier d’une méditation à la fois plus personnelle et plus grave :

Qu’ajouter, sinon que nous devons réfléchir sur la gloire et sur ce qu’elle comporte ? Ma gloire, c’est Léon Moulin – ne cherchez pas, il n’est pas célèbre, – m’annonçant la mort de son père ; c’est Charles Lacoste et Raymond Bonheur ; c’est Eugène Carrière s’asseyant à mon foyer, fumant sa pipe et me disant des choses éternelles ; ce sont ses enfants, dont je réentends le babillage et, penchée sur eux dans les demi-ténèbres, leur mère, pareille à une puissante déesse protectrice. [….]

À deux reprises, Francis Jammes s'est présenté à l'Académie française. En vain. Mais n’était-il pas naturellement vert ?