Ms 27 (Orthez)

Sonnets (1919)

Manuscrit autographe (4 ff. ; dim : 31 x 20), signé, daté. Encre. Quelques ratures et corrections. Acquis par l’Association Francis Jammes en 1991.

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Les sonnets A, B, et C ont paru, sous le titre « Trois sonnets » dans Les Feuillets d’Art du 15 octobre 1919, illustrés par A. Carrera. Le troisième (dont le personnage central n’est autre que Michel Jammes, le cinquième enfant du poète, né le 30 mai 1915) a ensuite été publié dans Yggdrasill, le 25 décembre 1936, sous le titre de « Bouquets ». Ces « Trois sonnets » ont été repris dans l’Œuvre poétique complète (OPC, pp. 1453-1454).

Le second sonnet (B) révèle, à la première personne, un Jammes en pleine et pure méditation. Sous la lampe baissée, tandis que ses enfants dorment et que les cloches du couvent des Clarisses carillonnent dans la nuit orthézienne, il vient de lire la si belle Épître de Saint Paul à Tite. Il songe à celui qui, après sa vision du Christ sur le chemin de Damas, devint l’apôtre mystique assoiffé de pureté (« Or tout est pur pour ceux qui sont purs »), le missionnaire infatigable portant la Bonne Nouvelle dans tout le monde méditerranéen :

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Je suis couché, ma lampe est baissée, et il tombe
Sur cette Épître à Tite une lueur de lys.
Tout ce qui n’est pas pur en moi s’est aboli
Et mon cœur se reploie ainsi qu’une colombe.

Les voiles des berceaux avec lenteur se bombent
Sous la brise que font mes enfants endormis,
Et la cloche jubile au milieu de la nuit
Et réveille les sœurs Clarisses dans leur tombe.

Apôtre aux pieds usés par les sables des mers,
Tout saturé de Dieu, bénissant et amer,
C’est donc par toi, vie et amour, cendre et poussière,

Paul, qui hais les efféminés, le fard qui ment,
Que, levée à Damas, un peu de ta lumière
Imprègne dans ma main ce Nouveau-Testament.

 

Le quatrième sonnet, daté du 6 septembre 1919, était inédit avant sa publication dans l’Œuvre poétique complète (OPC, pp. 1452-1453) :

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JE ME TOUVE DANS UN ROYAUME DE ROSÉE

Je me trouve dans un royaume de rosée
Où les feuilles des marguerites, qu’elle imprègne,
S’attachent au talon des anges sur qui règne
La vierge adolescente à capeline usée.

Et sur mon front sa main si douce s’est posée
En lissant mes cheveux ainsi qu’avec un peigne
Aux cinq branches de neige au bout desquelles saigne
Le corail qui toucha les roses de cinq plaies

Cette Mère m’a dit : afin que tu te sauves
D’Hérode et des méchants, n’enfourche point Pégase :
Mais monte un petit âne et va parmi les mauves

Dès l’heure où de l’azur se déchirent les gazes,
Comme je fis quand Saint Joseph, après l’extase,
Eut mis sur moi Jésus tel qu’un lys contre un vase.

 

Un tapuscrit (2 ff. ; dim : 27 x 21) des poèmes B et C est annexé au manuscrit ; il n’a pas été numérisé.

 

Jacques Le Gall