Pour solitaire que soit au fond de lui-même tout poète, et celui qui nous occupe ne fait pas exception à la règle, l’entourage peut jouer un grand rôle. Ce fut le cas pour Francis Jammes. La famille est pour lui quelque chose de sacré. Celle, chérie, chantée, exaltée, de laquelle il vient et celle, riche en enfants, qu’il créa avec son épouse. C’est ainsi qu’il ne s’éloigna jamais de sa mère et que la paternité le combla. Quant aux amis, seconde composante de l’entourage, ils comptèrent beaucoup eux aussi. Comme l’assez tardive paternité, la précoce découverte de l’amitié fut un émerveillement. Le solitaire a aimé les siens et ses amis. Et il fut aimé en retour des uns et des autres. Pourquoi ne pas le souligner ?
Les arbres et les herbes, les bêtes et les « mille voix obscures des choses » font aussi partie de l’entourage d’un poète tel que Jammes : « Cet immense et douloureux amour gonfle mon âme ; il s’étend de la plante à la pierre, c’est-à-dire indistinctement à tout ce qui vit et me fait percevoir le caractère sacré de toute chose existante ». Il ne faut pas oublier cette précoce confidence à son ami Charles Veillet-Lavallée (elle date de 1899). Mais dans ce qui suit, l’entourage sera limité à la famille et aux amis.
La famille de Francis Jammes
Le berceau des Jammes se situe non loin d’Albi, à Cadalen (Tarn). Depuis quand cette famille catholique s’était-elle fixée dans ce village ? Impossible de le dire. Le fait est qu’un nommé Jean-Baptiste Jammes, né en 1741, fut notaire à Cadalen, au XVIIIème siècle. Lire la suite
Les amis de Francis Jammes
Francis Jammes a toujours eu le sens de l’amitié. Dès l’adolescence, à Bordeaux, il se fit d’indéfectibles amis. De son âge : Charles Lacoste, Charles Veillet-Lavallée, Jean Segrestaa. Ou sensiblement plus âgé que lui : Armand Clavaud. D’autres amitiés naîtront ....Lire la suite
Lourdes, jugea le père, la guérit
La santé de la petite Marie, née en août 1911, inquiéta beaucoup ses parents. Lourdes, jugea le père, la guérit. Cette guérison inspira le poème précisément intitulé « Le père » : la scène se passe en août 1916, Place Royale, à Pau.
L’âme de la maison
Ce livre, composé à l’occasion de la naissance du premier enfant de Francis et Ginette Jammes est un véritable tour de force et un merveilleux chant d’amour qu’un homme adresse à un bébé, à sa mère, au monde et à Dieu. Il paraît en 1910 ...
Sept enfants
Francis Jammes et Ginette Goedorp ont eu sept enfants. En dix années seulement. Bernadette naît en 1908. Le père a donc près de quarante ans. Pour elle, il compose un livre inspiré qui paraîtra en 1910, l’un des plus purs chefs-d’œuvre ...
Madame Francis Jammes (1882-1963)
Encouragée par Robert Mallet, Madame Francis Jammes a écrit ses Mémoires en 1942 et 1943. L’Association Francis Jammes en a publié des fragments dans son Bulletin n° 46, en décembre 2007. Le chapitre correspondant à la période 1905 à 1907 ..
sa mère le berce et chante
"J’ai souvent compris que ce qui rend le poète tellement spécial,, c’est qu’il s’impressionne à jamais là ou d’autres ne sont qu’effleurés". Ainsi Francis Jammes se reconnaît-il de la mémoire – une certaine mémoire – plus encore que de l’imagination.
2 décembre 1868
Francis Jammes est né le 2 décembre 1868, à quatre heures du matin à Tournay. Bien des romans, bien des autobiographies, commencent par la naissance de leur héros. C’est ce qu’il est convenu d’appeler un topos d’ouverture.
(1866-1930) - la soeur
Naît le 16 janvier 1866 à Villeréal (Lot-et-Garonne) où son père était receveur de l’enregistrement des Domaines. Elle est, ou peu s’en faut, de trois ans plus âgée que Francis. Enfant, elle vivait à Pau chez ses grands-parents Bellot.
(1823-1918)
Fille de Julie Jammes et de Jean Lajusan. Née à Orthez le 2 juillet 1823. Sœur de Gustave Lajusan. Se maria avec le minotier-brasseur palois Théodore Heïd. Enfant, Francis Jammes aimait rendre visite à cette grand’tante : Je plaçais bien ...
les grand'tantes huguenotes
Ces deux sœurs du grand-père Jean-Baptiste Jammes habitent dans une maison de la rue Saint-Pierre à Orthez. Francis Jammes découvre cette « vétuste et poétique demeure familiale » dès l’enfance. Le poète a décrit ces deux personnages ...
(1829-1876) - l'oncle
Fils de Jean-Baptiste Jammes et frère aîné de Louis-Victor Jammes, le père de Francis. Né à Pointe-à-Pitre le 21 septembre 1829. Abandonné (ainsi que son frère) aux grand’tantes huguenotes, Clémence et Célanire, à Orthez.
les grands-parents maternels
Éléonore et Augustin Bellot étaient venus habiter Pau pour se rapprocher de leur fille après son mariage avec Louis-Victor Jammes. La vie que menait ce couple âgé ne pouvait pas combler l’enfant. Toujours vêtue de noir, sa grand-mère pressait ...
(1841-1934) - la mère
Née à Sisteron (Basses-Alpes) le 4 décembre 1841. Son mariage avec Louis-Victor Jammes eut lieu le 20 septembre 1864 à Navarrenx (Basses-Pyrénées). Deux enfants : Marguerite et Francis Jammes. À la mort de son mari, elle vint trouver refuge ...
(1831-1888) - le père
Né à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) le 18 août 1831. Il a sept ans lorsque son père (Jean-Baptiste Jammes) le confie (ainsi que son frère Octave) aux tantes d’Orthez, Clémence et Célanire. Il commence sa carrière de Receveur de l’Enregistrement ...
(1797-1857) - le grand-père paternel
Jean-Baptiste Jammes naît à Orthez (Basses-Pyrénées) le 24 Floréal an V (13 mai 1797). Il obtient le grade de docteur en médecine à la Faculté de Montpellier. Sa thèse porte sur la Fièvre jaune d’Amérique. Le jour de Noël 1819, ...
Le berceau des Jammes se situe non loin d’Albi, à Cadalen (Tarn). Depuis quand cette famille catholique s’était-elle fixée dans ce village ? Impossible de le dire. Le fait est qu’un nommé Jean-Baptiste Jammes, né en 1741, fut notaire à Cadalen, au XVIIIème siècle.
L’auteur de Ma France poétique (OPC, pp. 920-921) rappellera les origines géographiques de sa famille et de son patronyme qui se prononce [jame] (1). Il n’omettra pas de mentionner que son trisaïeul fut notaire royal à Cadalen, à peu de distance du Cayla, où naquirent cette sœur et ce frère en esprit : Eugénie et Maurice de Guérin :
Vers Albi, vers Gaillac et le rude Aveyron
Il me faut remonter pour dénicher mon nom
Jean-Mathieu Jammes (1766-1843), un héritier du tabellion royal, émigra à Orthez où il épousa une protestante qui lui donna huit enfants : il fut décidé que les trois fils prendraient la religion du père tandis que les cinq filles embrasseraient celle de la mère.
À peine âgé d’une vingtaine d’années, possesseur d’un diplôme de « docteur-médecin », l’un des trois fils – Jean-Baptiste – alla tenter l’aventure à la Guadeloupe : c’est le grand-père paternel de Francis Jammes.
Dans une lettre datée de janvier 1890 adressée au poète belge Thomas Braun, Francis Jammes énumère ainsi ses parents :
Je suis né à Tournay (Hautes-Pyrénées) le 2 décembre 1868.
Mon père était né à la Pointe-à-Pitre (Guadeloupe).
Mon grand-père paternel fut un important médecin à la Guadeloupe.
Il y est enterré. Il mena cette vie tempétueuse de nos aïeux (fortune, ruine , tremblement de terre, ouragans, abolition de l’esclavage, voyages, etc.).
Un de mes grands-oncles se battait en duel tous les jours. Il alla mourir à Cuba, je crois.
Et puis il y eut aussi un ancêtre qui fut corsaire, je crois.
Du côté maternel :
Ma mère est provençale.
Un ancêtre visita l’Inde longtemps pour faire fortune. Il revint avec seulement une malle énorme et une paire de bas de soie.
Mon grand-père maternel était un romantique fort lettré.
Pour romanesque qu’elle soit, cette notice biographique fournit un canevas assez solide. Solide mais lacunaire puisque Jammes ne parle pas de tous ses parents, par exemple de son arrière grand-père venu s’installer à Orthez vers 1790. Malgré tout, Jammes a bâti sa singularité sur les affinités héréditaires d’une ascendance qu’il respecte (il n’a jamais cherché à échapper à l’emprise de la filiation) et légende (pour, conformément à l’étymologie, la rendre lisible).
1 - Ainsi que le rappelle Robert Mallet, Jammes a la même origine que Jacques. Dérive du latin vulgaire Jacomus (doublé de Jacobus) qui donne Jacmes, puis James ou Jammes.
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(1864-1937)
Issu d’une famille protestante française exilée en Amérique au XVIIème siècle, Francis Vielé-Griffin est né à Norfolk, État de Virginie, le 26 avril 1864, et mort à Bergerac, le 11 décembre 1937. Poète de l’École symboliste et théoricien, ...
(1870-1962)
Né à Mortagne le 16 août 1870, décédé à Mortagne en avril 1962. Condisciple de Francis Jammes à Bordeaux. Son père avait été capitaine au long cours, ce qui ne pouvait que plaire au futur poète. Le mémorialiste a raconté comment, ...
(1885 - 1970)
Né au Château des Alleux, à Avallon, le 31 juillet 1885. A raconté dans Les Amis de Saint-François comment il découvrit la poésie de Francis Jammes à l’âge de 14 ans. Le début de la correspondance entre les deux hommes date de 1906.
(1867-1920)
Paul-Jean Toulet naît à Pau le 5 juin 1867 et perd sa mère à sa naissance. D’abord confié à son grand-père et à un oncle, il poursuit une scolarité assez mouvementée à Pau (chez les Dominicaines de la rue Tran puis au lycée), Bayonne et ...
(1878 - 1958)
Georges-Clément de Swiecinski est né le 5 mai à Radautz, duché de Bukovine (Roumanie), mais il était d’origine polonaise. Il s’installe à Paris en 1902. Il y achève ses études de médecine et y devient Interne des Hôpitaux, attaché aux ...
(1868-1948)
Francis Jammes et André Suarès sont nés la même année (1868) et meurent à dix ans d’intervalle (1938 et 1948) : ils appartiennent à la même génération. Ils partagent des points communs essentiels, dont le goût de la solitude et la passion ...
(1858-1900)
Né à Lille le 4 avril 1858 (donc, dix ans plus âgé que Jammes). S’installa à Paris en 1882 et y occupa un poste de secrétaire de mairie à l’Hôtel de Ville. En 1889, il participa à la fondation du Mercure de France avec Alfred Vallette. Son premier ...
(1834-1909)
Le comte Henry Russell-Killough est né à Toulouse le 14 février 1834, d’un père irlandais de haute lignée (Thomas-John Russell-Killough) et d’une mère gasconne (Ferdinande de Grossoles de Flamarens) appartenant elle aussi à une aristocratique ...