Manuscrit autographe (2 ff. ; dim : 33 x 22), signé, non daté [vers 1891]. Encre. Don de Joassin à l’Association Francis Jammes, en mai 1995. Le premier vers du premier tercet de ce sonnet est biffé. Ce poème a été publié pour la première fois dans l’Œuvre poétique complète de 2005, tome II, pp. 545-546. Il se trouve pp. 1343-1344 dans OPC (2006), notre édition de référence :
Tu n’es qu’un petit brin tout rose de bruyère
que j’ai cueilli tout près du fossé poussiéreux
le long duquel s’en vont les ânes malheureux
leurs jambes flageolant, tous fils de la misère.
Petit brin fleuri, chère à l’âme solitaire,
chacune de tes fleurs dont le pétale creux
est une urne uniforme, élève vers les cieux
une goutte de sang, doux et pieux mystère :
c’est la pitié qui blesse ainsi ta pauvre fleur
c’est la pitié de voir si souvent la douleur
du baudet qui s’en va triste sous ses oreilles ;
[heureuse, quand le pauvre animal aux poils longs]
ne redoute plus les piqûres des abeilles
les jours qu’on lui met de tout petits pantalons.
Jacques Le Gall