Le berceau des Jammes se situe non loin d’Albi, à Cadalen (Tarn). Depuis quand cette famille catholique s’était-elle fixée dans ce village ? Impossible de le dire. Le fait est qu’un nommé Jean-Baptiste Jammes, né en 1741, fut notaire à Cadalen, au XVIIIème siècle.
L’auteur de Ma France poétique (OPC, pp. 920-921) rappellera les origines géographiques de sa famille et de son patronyme qui se prononce [jame] (1). Il n’omettra pas de mentionner que son trisaïeul fut notaire royal à Cadalen, à peu de distance du Cayla, où naquirent cette sœur et ce frère en esprit : Eugénie et Maurice de Guérin :
Vers Albi, vers Gaillac et le rude Aveyron
Il me faut remonter pour dénicher mon nom
Jean-Mathieu Jammes (1766-1843), un héritier du tabellion royal, émigra à Orthez où il épousa une protestante qui lui donna huit enfants : il fut décidé que les trois fils prendraient la religion du père tandis que les cinq filles embrasseraient celle de la mère.
À peine âgé d’une vingtaine d’années, possesseur d’un diplôme de « docteur-médecin », l’un des trois fils – Jean-Baptiste – alla tenter l’aventure à la Guadeloupe : c’est le grand-père paternel de Francis Jammes.
Dans une lettre datée de janvier 1890 adressée au poète belge Thomas Braun, Francis Jammes énumère ainsi ses parents :
Je suis né à Tournay (Hautes-Pyrénées) le 2 décembre 1868.
Mon père était né à la Pointe-à-Pitre (Guadeloupe).
Mon grand-père paternel fut un important médecin à la Guadeloupe.
Il y est enterré. Il mena cette vie tempétueuse de nos aïeux (fortune, ruine , tremblement de terre, ouragans, abolition de l’esclavage, voyages, etc.).
Un de mes grands-oncles se battait en duel tous les jours. Il alla mourir à Cuba, je crois.
Et puis il y eut aussi un ancêtre qui fut corsaire, je crois.
Du côté maternel :
Ma mère est provençale.
Un ancêtre visita l’Inde longtemps pour faire fortune. Il revint avec seulement une malle énorme et une paire de bas de soie.
Mon grand-père maternel était un romantique fort lettré.
Pour romanesque qu’elle soit, cette notice biographique fournit un canevas assez solide. Solide mais lacunaire puisque Jammes ne parle pas de tous ses parents, par exemple de son arrière grand-père venu s’installer à Orthez vers 1790. Malgré tout, Jammes a bâti sa singularité sur les affinités héréditaires d’une ascendance qu’il respecte (il n’a jamais cherché à échapper à l’emprise de la filiation) et légende (pour, conformément à l’étymologie, la rendre lisible).
1 - Ainsi que le rappelle Robert Mallet, Jammes a la même origine que Jacques. Dérive du latin vulgaire Jacomus (doublé de Jacobus) qui donne Jacmes, puis James ou Jammes.
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(1797-1857) - le grand-père paternel
Jean-Baptiste Jammes naît à Orthez (Basses-Pyrénées) le 24 Floréal an V (13 mai 1797). Il obtient le grade de docteur en médecine à la Faculté de Montpellier. Sa thèse porte sur la Fièvre jaune d’Amérique. Le jour de Noël 1819, ...
(1831-1888) - le père
Né à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) le 18 août 1831. Il a sept ans lorsque son père (Jean-Baptiste Jammes) le confie (ainsi que son frère Octave) aux tantes d’Orthez, Clémence et Célanire. Il commence sa carrière de Receveur de l’Enregistrement ...
(1841-1934) - la mère
Née à Sisteron (Basses-Alpes) le 4 décembre 1841. Son mariage avec Louis-Victor Jammes eut lieu le 20 septembre 1864 à Navarrenx (Basses-Pyrénées). Deux enfants : Marguerite et Francis Jammes. À la mort de son mari, elle vint trouver refuge ...
les grands-parents maternels
Éléonore et Augustin Bellot étaient venus habiter Pau pour se rapprocher de leur fille après son mariage avec Louis-Victor Jammes. La vie que menait ce couple âgé ne pouvait pas combler l’enfant. Toujours vêtue de noir, sa grand-mère pressait ...
(1829-1876) - l'oncle
Fils de Jean-Baptiste Jammes et frère aîné de Louis-Victor Jammes, le père de Francis. Né à Pointe-à-Pitre le 21 septembre 1829. Abandonné (ainsi que son frère) aux grand’tantes huguenotes, Clémence et Célanire, à Orthez.
les grand'tantes huguenotes
Ces deux sœurs du grand-père Jean-Baptiste Jammes habitent dans une maison de la rue Saint-Pierre à Orthez. Francis Jammes découvre cette « vétuste et poétique demeure familiale » dès l’enfance. Le poète a décrit ces deux personnages ...
(1823-1918)
Fille de Julie Jammes et de Jean Lajusan. Née à Orthez le 2 juillet 1823. Sœur de Gustave Lajusan. Se maria avec le minotier-brasseur palois Théodore Heïd. Enfant, Francis Jammes aimait rendre visite à cette grand’tante : Je plaçais bien ...
(1866-1930) - la soeur
Naît le 16 janvier 1866 à Villeréal (Lot-et-Garonne) où son père était receveur de l’enregistrement des Domaines. Elle est, ou peu s’en faut, de trois ans plus âgée que Francis. Enfant, elle vivait à Pau chez ses grands-parents Bellot.
2 décembre 1868
Francis Jammes est né le 2 décembre 1868, à quatre heures du matin à Tournay. Bien des romans, bien des autobiographies, commencent par la naissance de leur héros. C’est ce qu’il est convenu d’appeler un topos d’ouverture.
sa mère le berce et chante
"J’ai souvent compris que ce qui rend le poète tellement spécial,, c’est qu’il s’impressionne à jamais là ou d’autres ne sont qu’effleurés". Ainsi Francis Jammes se reconnaît-il de la mémoire – une certaine mémoire – plus encore que de l’imagination.
Madame Francis Jammes (1882-1963)
Encouragée par Robert Mallet, Madame Francis Jammes a écrit ses Mémoires en 1942 et 1943. L’Association Francis Jammes en a publié des fragments dans son Bulletin n° 46, en décembre 2007. Le chapitre correspondant à la période 1905 à 1907 ..
Sept enfants
Francis Jammes et Ginette Goedorp ont eu sept enfants. En dix années seulement. Bernadette naît en 1908. Le père a donc près de quarante ans. Pour elle, il compose un livre inspiré qui paraîtra en 1910, l’un des plus purs chefs-d’œuvre ...
L’âme de la maison
Ce livre, composé à l’occasion de la naissance du premier enfant de Francis et Ginette Jammes est un véritable tour de force et un merveilleux chant d’amour qu’un homme adresse à un bébé, à sa mère, au monde et à Dieu. Il paraît en 1910 ...
Lourdes, jugea le père, la guérit
La santé de la petite Marie, née en août 1911, inquiéta beaucoup ses parents. Lourdes, jugea le père, la guérit. Cette guérison inspira le poème précisément intitulé « Le père » : la scène se passe en août 1916, Place Royale, à Pau.