La mort, comme l’amour et la prière, constitue l’un des grands thèmes de l’œuvre de Francis Jammes. Les cimetières y sont donc assez présents. En premier lieu celui des aïeux antillais :
C’était la tombe de ses grand-père et grand-mère,
dans les Antilles bleues, fleuries de tabacs roses,
là-bas où l’Océan comme une vitre luit,
noir comme le feuillage et vert comme la nuit.
Clairières dans le Ciel, « L’Église habillée de feuilles »
Mais, tout aussi bien, celui d’une vieille paysanne anonyme, comme dans « L’Église habillée de feuilles » :
Et lorsque le cercueil dans le clair cimetière
eut été recouvert, par les paysans, de terre,
ceux-ci, marquant la fin de l’œuvre solennelle,
formèrent sur la fosse un faisceau de leurs pelles.
À la fin de sa vie, Jammes éprouva le besoin de recenser les lieux où reposaient ses parents et amis : Orthez, Pau, Navarrenx-Jasses, la Provence, Cadalen et Albi, les Antilles, le Gers, Hasparren, Labastide-Clairence et Vitailles, Soissons, Abos, Biarritz, Bordeaux. Dans ce recensement, Jammes n’oublie presque personne, ni l’humble Graciette (enterrée à Pau) ni Léo Latil (mort à la guerre, sans sépulture connue)…
Le carnet sans date (mais il doit avoir été écrit après août 1937) se termine par deux feuillets intitulés : « Moyen de prier nommément pour les morts et pour les vivants » et par un dernier feuillet qui ne contient qu’une phrase qui pourrait être un titre : « Les pèlerins des âmes ».
Le manuscrit autographe (15 ff.) est désormais conservé à la Médiathèque Jean-Louis Curtis d’Orthez [Ms 256, Orthez]
Souviens-toi, quand, enfant, au pied du vieux et doux mur d’un
cimetière, tu t’agenouillais, au Jubilé, avec ta mère.
Un Jour