Transcription par Charles Lacoste (1 f. ; 30 x 20), non signée, non datée. Encre. Ce poème, note Michel Haurie, « n’a jamais fait partie des éditions séparées de De l’Angélus de l’Aube à l’Angélus du Soir. Il y a été incorporé dans le premier volume des Œuvres paru en 1913 entre ‘Dans le verger…’ et ‘Laisse les nuages…’, p. 30 ». Dans notre édition de référence – Œuvre poétique complète (abréviation : OPC) en un seul volume, 2006 –, il figure à la page 190.
Il s’agit d’un sonnet probablement écrit peu de temps après le voyage que Francis Jammes fit en Algérie en octobre 1895, voyage qui se solda par les Notes sur des Oasis et sur Alger (O : Ms 3-4). Il est dédié à Paul Fort et salue « Tristan Klingsor, l’enchanteur » que le poète imagine composant « de doux lieds » près d’un bassin à Bassora.
BÂTE UN ÂNE…
À Paul Fort
Bâte un âne qui porte une outre d’eau de roche
à son flanc, car dans le pays des améthystes
qu’il te faut longuement traverser l’eau n’existe
pas, ni le pain que tu clôras en ta sacoche.
Or c’est à Bassora, dans la boutique, à gauche
de chez Aboul Hassan Ebn Taher le droguiste.
Devant le souk un dromadaire laisse tristement
pendre de sa lèvre une espèce de poche.
C’est là que Tristan Klingsor, l’enchanteur, compose
de doux lieds auprès d’un bassin. Et les roses
l’approuvent en penchant la tête, et son rebec
se plaint comme un vent doux et précieux avec
l’inflexion d’une jeune fille qui pose
sa main dessus son cœur pour un salamalec.