Manuscrit autographe (2 ff. ; dim : 22 x 16), non signé, non daté. Encre. Complet. Deux manuscrits du même poème (il manque deux vers dans le deuxième). Acquisition Joassin.
Ce poème n’a pas de rapport avec l’« Élégie dixième » publiée dans Le Deuil des primevères. Première publication : OPC, 1995, tome II, pp. 584-585. Repris dans 0PC, 2006, pp. 1381-1382.
DANS L’AUBE EN BRUME GRISE …
Dans l’aube en brume grise. Que les troupeaux qui bêlent
trépignent ; que les chiens inquiets les surveillent ;
que la flûte de buis résonne et qu’elle passe
et repasse au-dessous des lèvres du berger,
et son air s’évanouisse dans l’air léger ;
que les ânes noueux s’arrêtent, puis repartent
en remuant la queue sous leur échine dure
qui porte les bidons bossués et les hardes.
Que le berger aux yeux gris de fer, au nez dur,
grandi par la hauteur de son bâton de corne
s’enfonce dans l’azur, dans le givre et dans l’ombre.
Dans l’aube en brume grise (c’est le jour de marché) :
métayer, fais grincer le portail de la grange
où la brume froide de la nuit fait trembler
le poil roux des bestiaux qui agitent les chaînes.
Pose le joug grinçant au front des bœufs obliques.
Toi, femme, prends les coqs, les œufs et les paniers.
S’il y a quelques nèfles, prends-les. Voici un lièvre
que ton fils a tué à l’affût. Prends-le aussi.
Toi, petite paysanne aux roses joues luisantes,
aux petits yeux bleus, mets de la pommade à la rose
Mets tes bas violets, ta broche en verre et pose
à ton chignon ton mouchoir de soie bariolé.
Jacques Le Gall