Manuscrit autographe (5 ff. ; dim : 25 x 19,5) signé, daté du 10 février 1914. Encre et crayon. Partiel. Acquisition Joassin.
28 quatrains numérotés de XIII à XL et qui faisaient partie d’un ensemble de 40 quatrains publiés, en mai-juin-juillet 1914, à L’Amitié de France, la revue créée sous l’impulsion du vieux philosophe catholique Georges Dumesnil. Le premier quatrain a été écrit en février 1914. Les quatrains XXXVIII et XXXIX portent, en marge, la date du 10 février. Ces « Poèmes » ont été repris dans OPC, 1995, tome II, pp. 636-641 et dans notre édition de référence : OPC, pp. 1440-1444.
Il s’agit, pour celui qui dit « je » dans ce « Poème », de rompre avec le faux amour et les sirènes pour suivre Dieu sur les chemins poudreux.
XIII
J’ai prié ce temps d’une façon sauvage.
Il me fallait percer les amas de nuages
Que j’avais amassés durant de si longs jours
Entre le vrai amour et le menteur amour.
XIV
Il fallait, pour si près de moi qu’alors tu fusses,
Il fallait pour te voir user de cette astuce :
La supplication forcenée et l’appel
De ta miséricorde à la Reine du Ciel.
XV
Sagesse ! Bénis ces quatrains que je commence
À cet âge où la mort pose dans la balance
Un poids déjà plus lourd que n’est le contrepoids.
Je ne regrette rien si tu es avec moi !
XVI
Non plus que le cri-cri qui se cache dans l’herbe
N’égale de son chant acerbe tes Proverbes,
Ô Salomon ! Ces vers n’imitent même pas
La poussière que fait la reine de Saba.
[…]
XXXV
Ne plaignez point ce pèlerin. Pourquoi le plaindre,
Si c’est votre dépit de ne pouvoir l’étreindre
Qui vous porte à sourire et trouve injurieux
Qu’il préfère à vos joues fardées le sang de Dieu ?
XXXVII
– Eh quoi ! seras-tu donc celui dont la sandale
Bâille au soleil sur la route nationale,
Dévot suspect qui porte autour de son poignet
Les graines sans saveur d’un tintant chapelet ?
XXXVIII
– Je serai celui-là. Et la plus belle face
Me sera comme la poussière qui s’efface
Sous mes pieds fatigués, à l’approche du soir,
Quand la forge halète et rougit dans le noir.
XXXIX
– Les enfants qui t’aimaient dans le parc séculaire
Ne voudront plus te couronner de primevères ;
Et, te méconnaissant, si tu baisses le front,
Leur aumône sera le plus dur des affronts.
XL
– Qu’importe ! L’homme mûr, à la fenêtre ouverte,
Quand la fleur rouge rend la pelouse plus verte
Et quand le pommier blanc fait l’azur plus foncé,
Il se dit que pour lui le Printemps est passé.