Manuscrit autographe (15 ff. ; dim : 14 x 11), non signé, sans date.
Il s’agit d’un carnet sur les pages duquel Francis Jammes a recensé (au crayon de papier) les lieux où reposaient ses parents et amis : Orthez, Pau, Navarrenx, Jasses, la Provence, Cadalen et Albi, les Antilles, le Gers, Hasparren, Labastide-Clairence et Vitailles, Soissons, Abos, Biarritz, Bordeaux. Dans ce recensement, Jammes n’oublie presque personne, ni l’humble Graciette (enterrée à Pau) ni Léo Latil (mort à la guerre, sans sépulture connue)…
La mort, comme l’amour et la prière, constitue l’un des grands thèmes de l’œuvre de Francis Jammes. Les cimetières y sont donc assez présents. En premier lieu celui des aïeux antillais :
C’était la tombe de ses grand-père et grand-mère,
dans les Antilles bleues, fleuries de tabacs roses,
là-bas où l’Océan comme une vitre luit,
noir comme le feuillage et vert comme la nuit.
Clairières dans le Ciel, « L’Eglise habillée de feuilles »
Mais, tout aussi bien, celui d’une vieille paysanne anonyme, comme dans « L’Église habillée de feuilles » :
Et lorsque le cercueil dans le clair cimetière
eut été recouvert, par les paysans, de terre,
ceux-ci, marquant la fin de l’œuvre solennelle,
formèrent sur la fosse un faisceau de leurs pelles.
Le carnet se termine par deux feuillets (en 10 points) intitulés : « Moyen de prier nommément pour les morts et pour les vivants » et par un dernier feuillet qui ne contient qu’une phrase qui pourrait être un titre : « Les pèlerins des âmes ».
FRANCIS JAMMES POÈTE
Telle était, en 1906, l’inscription qui ornait le cartable de celui que Francis Carco aperçut en gare de Rodez. Telle sera, en 1938, à Hasparren, la seule épitaphe que le Patriarche voudra sur sa tombe.
Tel est aussi le titre de notre exposition.
Jacques Le Gall