Manuscrit autographe, (1 f. ; dim. 27 x 21 cm), signé. Délicieux fragment (six vers seulement) du Paravent de Lendresse.
L’escapade durant le bal
Dans la nuit et par la neige,
Ce soir, puissé-je,
D’un pied ouaté,
Se dit Adèle,
Le rejoindre en aparté
Sous la tonnelle.
F. Jammes
Le Paravent de Lendresse constitue la septième partie du composite recueil intitulé De tout temps à jamais qui paraîtra à la fin juin 1935, précédé d’une préface vengeresse. Ce Paravent comporte dix poèmes :
1/ « La chasse avec Bordeu ». C’est un sonnet régulier. Et un témoignage supplémentaire d’affection à un pays et à un ami, « car Bordeu vise avec sa ferraille ».
2/ « La pêche à Lendresse ». Cinq distiques pour s’amuser.
3/ « Sur le tombeau de William Œttinger qui a soigné Marie Jammes ». Ce grand médecin venait passer une partie de l’été dans son « cottage » de Lendresse, village béarnais à l’ouest d’Orthez, en belle vue des Pyrénées, « fortement basculées à l’horizon ». Sur William Œttinger, on lira le texte écrit le 1er décembre 1926. (P : Ms 452/28) Le septième texte de L’École buissonnière (P : Ms 277) fait lui aussi le portrait de ce bon savant qui perdit son tout jeune fils mais soigna avec succès Marie, la troisième fille du poète. Ce dernier était souvent invité à Lendresse, parfois avec Charles Bordeu. Il y chassait et pêchait. Il y admirait aussi les filles du bon docteur (dont Henriette, qui épousa Maurice Martin du Gard, directeur des Nouvelles Littéraires) et les câpriers du jardin. De William Œttinger, qui mourut de la mort de son enfant, Jammes partagea le chagrin et parfois les angoisses. Songeant au cimetière où il considérait que son ami ne dormait pas mais attendait la résurrection, il composa cette "Épitaphe" de trois mots seulement :
Ô capriers,
Priez !
4/ « Le reproche du vieux clocher, mon ami, à la fontaine de marbre de la salle à manger d’Abos » (pièce du P : Ms 452). À Lendresse, Francis Jammes associe tout naturellement le village d’Abos, dont l’ancienne abbaye laïque était la demeure de son cher ami Charles de Bordeu. Francis Jammes alla bien souvent chasser et pêcher à Abos, et aussi manger « Les tranches de melon, ces lunes potagères », à l’ombre du clocher, vieux voisin enroué.
5/ « Épitaphe d’automne ». Cette Épitaphe, qui n’en est pas tout à fait une, fait pièce à celle du docteur William Œttinger
6/ « Dans les combles ». À Lendresse, les gens et les lieux avaient du chic. Du haut en bas. « Le grenier » est aussi l’une des pièces de L’École buissonnière (P : Ms 277)
7/ « L’escapade durant le bal » (OPC, p. 1109). Ce sizain ciselé pourrait avoir été écrit par un autre Béarnais : Paul-Jean Toulet.
8/ « Le deuil du Conseiller municipal ». Nouveau sonnet, adressé à une autre figure du village de Lendresse : un botaniste flamand butineur de bergères légères.
9/ « L’entrée » (P : Ms 452/55).
10/ « Le salon » (P : Ms 452/55).
Jacques Le Gall