Compositeur né à Paris le 30 mars 1861. Neveu du peintre animalier Rosa Bonheur. Ami d’Albert Samain, d’André Gide, d’Eugène Carrière, d’Ernest Chausson, de Claude Debussy qui lui a dédié Prélude à l’après-midi d’un Faune.
Raymond Bonheur a découvert la poésie de Francis Jammes en achetant un exemplaire de Vers (1894) sur les Quais de la Seine. Il fit partager sa découverte à son ami Albert Samain, le poète symboliste de Au jardin de l’Infante et de Aux Flancs du Vase.
Les trois hommes se rencontrèrent en octobre 1895, lors du premier voyage à Paris de Jammes. Puis de nouveau les 7 et 8 septembre 1897 à Orthez. Une vive amitié s’ensuivit. Jammes mit souvent Raymond Bonheur à contribution pour diverses démarches, en particulier auprès d’Alfred Vallette, l’éditeur du Mercure de France. Les deux hommes ont échangé une abondante correspondance. 18 lettres de Raymond Bonheur à Jammes sont conservées à la Bibliothèque Patrimoniale de Pau (Ms230).
Raymond Bonheur a mis en musique plusieurs poèmes de Francis Jammes qui le tenait pour « un exquis musicien et une merveille d’intelligence ». Il a publié :
Huit Poésies de Francis Jammes, extraites de De l’Angélus de l’Aube à l’Angélus du Soir (E. Demets éditeur, 1903. L’édition originale, ornée de culs-de-lampe d’Eugène Carrière, est dédiée « À la mémoire d’Albert Samain »).
Deux Élégies (Rouart, Lerolle et Cie éditeurs, 1911) : I. « Ô grand vent qui soulèves la voile des vaisseaux… », II. « Sur le penchant des coteaux où les renards font leurs terriers… ».
Le poème dialogué Un Jour (O : Ms 218).
Francis Jammes lui a dédié « On m’éreinte… » (Ms642, Bibliothèque Patrimoniale de Pau) dans De l’Angélus de l’Aube à l’Angélus du Soir (OPC, pp. 81-82). En voici, douce-amère, la première strophe :
ON M’ÉREINTE…
À Raymond Bonheur
On m’éreinte dans le Musée des familles,
moi qui chante les anciens magazines
et les rires charmants des jeunes filles
qui le lisaient à l’ombre des charmilles.
Plus tard, il lui a également dédié « Tableau d’automne » (OPC, pp. 637-645) qui, sous le titre « Élégie d’automne », avait d’abord paru au Mercure de France du 1er janvier 1910. Le compositeur remercia le poète dans une lettre du 9 janvier 1910 : […]
Vous avez retrouvé, sans y songer jusqu’à ce jour le secret des anciennes complaintes de France si touchantes parce qu’elles sont pénétrées de l’odeur forte de la terre […]
Raymond Bonheur est mort à Magny-les-Hameaux le 4 août 1939.
Raymond Bonheur, avec ses yeux bleus en boule de loto, son nez souvent gelé, sa barbe de maryland, est affligé de la plus grande tare, que l'époque actuelle ne saurait tolérer de crainte que la contagion ne s'étendît et ne le gagnât : le respect de soi-même. Il a été l'ami fraternel de Samain comme il l'a été d'Eugène Carrière, et je suis fier qu'il soit le mien.
L'Amour, les Muses et la Chasse
Bibliographie : 1/ « Francis Jammes / Raymond Bonheur – Correspondance », Bulletin de l’Association Francis Jammes, n° 41 (juin 2005), n° 42 (décembre 2005), n° 43 (juin 2006). 2/ Guillaume Labussière, Raymond Bonheur 1861-1939. Parcours intellectuel et relations artistiques d’un musicien proche de la nature, L’Harmattan, 2005.
Jacques Le Gall