Ms5 (Orthez)

À Charles Guérin (mai 1898)

Transcription par Charles Lacoste (1 f. ; 30 x 20), signée et datée (mai 1898) par Francis Jammes. Encre. Ce poème fait partie des inédits recueillis par Michel Haurie dans l’Œuvre poétique complète, en 1995 (Biarritz, Éditions Atlantica, tome II, p. 568) puis dans notre édition de référence en 2006 : OPC, p. 1366.

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À CHARLES GUÉRIN

Baisse les yeux devant mon âme,
et qu’ils pleurent…
J’ai tant aimé que je ne crois
pas au bonheur.
Va-t’en, Guérin ! Qu’avec les jeunes filles longues
tu t’en ailles,
penché sur leur tiédeur, dans la grange où les pailles
les égratigneront.
Comme un enfant qui défait une allée d’iris,
va ! Cueille-les,
celles dont les transparentes gorges de lait
ont des cris qui voudraient sortir…
Et moi, de mon seuil noir, je vous verrai passer,
écoutant se taire mes flûtes
et souriant de peur, devant votre jeunesse
que, déjà, je n’ai plus…

Orthez, Mai 1898

Ce poème a été écrit aussitôt après le passage de Charles Guérin (1873-1907) à Orthez, aux Rameaux 1898. On se rappelle que cette visite suggéra au poète de Lunéville le très beau poème « À Francis Jammes », paru dans Le Cœur solitaire, Mercure de France, 1898 : « Ô Jammes, ta maison ressemble à ton visage… »

[Jammes sur le seuil de la Maison Chrestia en 1898 / Fonds Association Francis Jammes Orthez]

Jammes sur le seuil de la Maison Chrestia en 1898
Fonds Association Francis Jammes Orthez

 

Jacques Le Gall