Manuscrit autographe (6 ff. numérotés de A à F), non signé, non daté (1929). Encre et crayon. Fortement raturé. Partiel : il manque le chapitre I (« Vue d’ensemble »), la fin du chapitre VI (« L’agonie et la mort ») et le chapitre VII (« Après la mort »). Titres des chapitres du manuscrit : « La poursuite de Jésus », « Le Croisé » (ce titre sera transformé en « La Croisade » dans la version imprimée), « Portrait de Guy », « L’agonie et la mort. Colloques », « L’agonie et la mort ». Don Joassin à l’Association Francis Jammes, mai 1995.
Voici la « Vue d’ensemble » sur laquelle s’ouvre ce livre :
Guy de Fontgalland est né à Paris le 30 novembre 1913, à dix heures du soir, et il y est mort le 24 janvier 1925, à midi 50.
Il ne lui a donc fallu que douze ans pour franchir l’étape qui sépare de la terre le Ciel. Il l’a accomplie sans une plainte, encore que deux flèches, décochées par l’Amour divin, demeurassent vibrantes dans son cœur.
L’une de ces flèches lui fut réservée par Jésus lui-même au jour de sa première communion, en la paroisse de Saint-Honoré-d’Eylau, le dimanche de la Trinité 1921. La blessure qu’elle causa fut l’annonce qui lui était faite par le Seigneur qu’il mourrait tout jeune, et qu’il ne lui serait pas donné d’être prêtre, ainsi qu’il le souhaitait, mais frère des anges.
La deuxième flèche lui fut lancée au mois de juillet 1924, à la grotte de Lourdes, par la Sainte Vierge. Cette épreuve renouvelait à l’enfant la prédiction d’une fin prématurée qui se réalisa six mois après.
Guy de Fontgalland ne laissa rien paraître que de la joie en se sentant blessé, l’une et l’autre fois, par des traits dont j’ai fait ici un symbole : celui de la parole de Dieu pénétrant dans l’âme, pleine de grâce, d’un enfant.
Ces flèches, supportées en silence, l’une depuis quatre ans, dissimulées avec une pudeur qui ménagea ses père et mère, Guy ne les découvrit à celle-ci que deux mois avant la consommation du sacrifice. Il désirait sans doute que le fiat de ses parents, qui l’aimaient passionnément, comme il le leur rendait, correspondît au sien.
Le 24 janvier, samedi, jour de la Sainte Vierge, il dit que son jour était venu, et expira.
Et voici le chapitre « Après la mort » sur lequel l’hagiographie se referme :
Ce mouvement puissant et doux, comme des vagues des mers calmes – qui est souvent le signe de l’Esprit-Saint, semble ramener à nous la mémoire de Guy.
Sur quelques notes, sur la netteté de son image, de nombreuses âmes s’adressent à lui quotidiennement, font part de leur confiance en son intercession à Madame de Fontgalland, sa mère heureuse et désolée.
Des grâces sont obtenues ; mais trier, mais choisir, mais conclure n’est point de notre ressort. La Sainte Église, tout amour et toute justice, prononcera.
Lieu de publication : La Vie de Guy de Fontgalland, Lyon-Paris, Emmanuel Vitte, 1929. Francis Jammes a dédié cette « Vie » à sa fille « Bernadette, croisée ».