Ce livre, composé à l’occasion de la naissance du premier enfant de Francis et Ginette Jammes est un véritable tour de force et un merveilleux chant d’amour qu’un homme adresse à un bébé, à sa mère, au monde et à Dieu. Il paraît en 1910 au Mercure de France. Il se termine par une évocation des morts de la famille, de paysages (Orthez et la ferme dite Au Choü, voir Ms 452/38), et par une chanson à la Vie. À défaut de pouvoir citer tout ce tendre livre, voici l’acte de naissance de Bernadou et un couplet adressé à « l’âme de la maison » :
L’acte de naissance
L’an 1908 et le 19 août, dans l’anniversaire et presque à l’heure
de la mort de Blaise Pascal, est née à Orthez ma fille Bernadette.
L’un des témoins à la mairie a été mon
premier voisin François le savetier qui a un oiseau.
Ma fille Bernadette, p. 17
L’âme de la maison
Le vieux mur ne s’évapore plus au soleil. Il pleut sur le perron brisé. Le marteau de la porte épaisse est petit. Si vous êtes dans la nuit, frappez. La porte ouverte, vous verrez l’âme de la maison, sur le canapé que caresse la lueur du feu : Bernadette.
Approchez-vous, elle dort, elle a l’air d’un œuf de fourmi. Le bon Dieu l’a allumée comme une petite lampe qui éclaire ce papier où j’écris ce nom : Bernadette.
Ma fille Bernadette, p. 73
Moins d’un an avant de mourir, l’auteur des Airs du mois s’adresse à Bernadette, qui fut sa secrétaire dévouée avant d’être assistante sociale à Paris. Il se souvient d’un poème qu’il lui dédia et médite :
30 novembre . – Te souviens-tu Bernadette, de ces vers que je t’ai dédiés il y a quinze ans :
Ma fille aînée, ô compagne
De ma médiocrité,
Tu me cueilles en été
Des lauriers sur la montagne.
Ces lauriers, ils ont pris racine dans les âmes tant je les ai baignés de larmes, ils ont foisonné jusqu’à Paris où j’ai pu m’endormir dessus malgré mes blessures toujours ouvertes.
Les Airs du mois, 30 novembre 1937 (pp. 204-205)
Bernadette Jammes est morte à Paris le 29 décembre 1981.
En 1931, le Cercle lyonnais du livre a édité Ma fille Bernadette à 175 exemplaires + trente-cinq suites. L’impression du texte de Francis Jammes a été faite par l’imprimerie Lahure, et les compositions de Maurice Denis ont été gravées sur bois par Jacques Beltrand aidé de son frère Georges.