Ms 452/04 (Pau)

Le Livre de la Pitié et de la Mort (circa 1894)

Manuscrit autographe (4 ff. ; dim : 22,5 x 17,5), non daté, non signé. Acquis chez Loize au printemps 1949.

Ms452/04 (Pau)

Pages consacrées au livre de Pierre Loti qui porte ce titre et qui parut en 1891. Elles ont dû servir d’introduction, ou plutôt de remerciement, après la parution de la plaquette Vers, chez Ollendorf en 1894 : c’est en effet grâce au baron Chassériau et à l’illustre romancier que cet ouvrage a pu être publié par un éditeur parisien.

Dans les quatre pages de cet article, Jammes fait l’éloge du livre de Loti pour sa capacité en entrer en sympathie avec les animaux comme avec les hommes. Il fait aussi l’éloge du style de ce roman qu’il vient de relire : ce style « vit par lui-même, il puise son originalité dans sa simplicité. C’est écrit en mineur, sur deux ou trois notes sourdes dont les nuances varient indéfiniment ». Tout l’inverse, selon Jammes, des effets trop appuyés dans Salambô, Axël, À rebours ou Germinie Lacerteux.

Dans Poème d’Ironie et d’Amour (P : Ms 133-1), texte posthume mais sans doute écrit vers 1895, sorte de préfiguration en prose d’Existences, le héros note Le Livre de la Pitié et de la Mort parmi ses ouvrages préférés. La pièce LIII du Deuxième Livre des Quatrains est intitulée « À Pierre Loti » (OPC, p. 882).

Jammes a pour la première fois rencontré Loti (également évoqué dans Les Caprices du Poète, pp. 125-126) au milieu des années quatre-vingt-dix chez Frédéric-Arthur Chassériau (qui sera le premier président des Amis de Francis Jammes). Le mémorialiste de L’Amour, les Muses et la Chasse (pp. 164-168) a donné de cette soirée qu’il qualifie de « mondaine » une pittoresque description dont voici un extrait.

Pour cette soirée mondaine, l’une des quatre ou cinq que j’ai acceptées dans mon existence, on avait mobilisé une dizaine de gens chatnoiresques, aux Lavallières démesurées, qui projetaient sur un écran, en ombres chinoises, quelques pages de Loti et poèmes de moi. Je distinguais, sur la toile, ma propre silhouette et celle de ma bien-aimée à mon bras. J’avais l’air dans cette fantasmagorie, éclairée par un phare, d’un renard mouillé par le gel. » (p. 167)

 

 

Jacques Le Gall