Née à Sisteron (Basses-Alpes) le 4 décembre 1841. Son mariage avec Louis-Victor Jammes eut lieu le 20 septembre 1864 à Navarrenx (Basses-Pyrénées). Deux enfants : Marguerite et Francis Jammes.
À la mort de son mari, elle vint trouver refuge à Orthez avec ses deux enfants. Elle crut en la vocation poétique de son fils et ne fit rien pour s’y opposer.
Une grande connivence semble avoir existé entre la mère et le fils, même, en fin de compte, quand elle s’opposa au mariage avec Mamore. Par exemple, elle accepta que son fils renonçât à la situation qu’il aurait pu se faire s’il n’avait préféré l’école buissonnière au bureau à paperasses de maître Estaniol. Elle sut aussi, toujours, accueillir chaleureusement les amis qui rendirent visite à son fils. C’est au retour d’un voyage qu’il fit avec elle en Provence (1899), que ce dernier composa Le Poète et l’oiseau, inspiré par le vallon d’Entrepierres tout proche de Sisteron. Quand Francis se maria, elle resta auprès de lui mais à sa place, discrète et bienveillante. Elle accepta aussi l’exil un peu farouche à Hasparren (Pays basque) où elle s’éteignit le 5 avril 1934. Elle a voulu être enterrée au cimetière d’Orthez, aux côtés de son mari.
26 juillet – Fête de sainte Anne. Ma mère, j’ai cueilli pour toi cette fleur de pétunia plus somptueuse que la nuit au delà de laquelle se lève le Jour des Elus. Je confie à son pavillon ma prière à peine murmurée afin que la Vierge entende ma peine à travers ton amour.
Les Airs du mois, juillet 1937
Cinq jours après la mort de sa mère, le 10 avril 1934, Francis Jammes sublimait sa douleur en écrivant La Mère, un texte tout empreint d’amour chrétien qu’il publia dans les Nouvelles littéraires et qui fut repris en 1942 dans Variations dans un Air français (Variation 15, P : Ms 530).
Il est huit heures trente-cinq du soir. Ni cris ni grands sanglots dans l’entourage. La séparation a eu lieu d’une âme chrétienne avec cette argile purifiée par le Sacrement des vivants, il y a deux mois, durant lesquels le Seigneur a rendu visite à ma mère et l’a assistée en de grandes souffrances qui se sont calmées vers la fin. Une douleur pour nous, oui : pas de la nature que beaucoup pensent, mais douleur sublimée, transfigurée par la joie des cieux qui semblait s’abaisser comme un dais sur cette dépouille qui ressuscitera.
Rôle sacré de la mère du poète
(Francis Jammes à Albert Samain : lettre du 28 mai 1896)