Ms 173 (Orthez)

Le berceau (1868) (1925)

Manuscrit autographe (1 f. ; dim : 27 x 21), signé. Non daté, mais on sait qu’il a été composé le 19 novembre 1925. Encre. Acquisition Joassin, mai 1995.

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Béni sois-tu, Bureau de l’Enregistrement
Dans la même maison qu’était le Presbytère
À Tournay, le village où j’arrivai sur terre,
Décret du deux décembre émis au Firmament.

Registres alignés méticuleusement,
Gros écu de l’Empire aimé par le notaire,
Lampe qu’on monte et dont une huile douce éclaire
Les comptes, car demain est jour de versement.

Le vérificateur viendra cette semaine.
Ma mère est là. Son front s’incline sur la laine
Si blanche qu’on dirait d’agneaux du paradis.

Le bois s’éteint dans le foyer et jute et chante
Sur les chenêts représentant Garibaldi
Et… « La soupe est servie » annonce la servante.

Sonnet très autobiographique : Francis Jammes est bien né à Tournay le 2 décembre 1868. Le notaire dont le bureau est décrit dans les deux quatrains s’appelait M. Denagiscarde. Le père du futur poète travaillait à l’Enregistrement. Sa mère est bien là, elle aussi, inclinée sur une laine d’une absolue blancheur. Dans De l’Âge divin à l’Âge ingrat (p. 3) mais aussi dans nombre d’autres textes, en prose (O : Ms 19) ou en vers, Jammes a évoqué – elle appartenait au pharmacien liquoriste Fourcade – une cabane nommée « Le Paradis », située sur un coteau qui domine Tournay, comme en lisière du ciel et des Pyrénées enneigées. La servante qui annonce que la soupe est servie, c’est Marie Dargelez.

Première publication de ce sonnet dans la revue Le Domaine (revue… de l’Enregistrement et du Notariat) du 15 décembre 1925. Repris dans OPC, p. 1468.