Manuscrit autographe (12 ff. lignés ; dim : 22 x 17), signé (12 fois) et daté (1930). Encre et crayon. Sur la couverture d’un cahier d’écolier vert de marque « Le Bayonnais », Francis Jammes a écrit le titre : « Métiers et professions poétiques ».
Le cahier, dont les premières pages ont été arrachées, ne contient que douze quatrains. Ils sont consacrés à douze métiers. Le poète avait prévu une série dix fois plus longue. Sur une feuille indépendante (1 f. ; dim : 27 x 21), il a lui-même dressé une liste de cent-seize (116) « professions poétiques ». Contre toute attente, le facteur rural ne figure pas dans cette liste… Un point rouge précède l’intitulé des douze métiers honorés d’un quatrain : Le savetier, Le boulanger en herbe, Discours de Phaéton [Le cocher], L’Immortel, L’épicier, Le Forgeur de Pégase (Le maréchal-ferrant), Le pharmacien, Le cantonnier, Le médecin, L’éditeur, Nemrod [le chasseur]
Pourquoi Jammes n’alla-t-il pas plus loin dans la réalisation de son projet ? Savait-il que Stéphane Mallarmé avait consacré une série de quatrains à des métiers quelques années avant lui (Chansons Bas, Poésies, Paris, NRF, 1951) ? On l’ignore. Ce que l’on sait ? Que Jammes a toujours aimé s’exprimer en quatrains. Il en a écrit dès 1905 pour la revue Poésie et jusqu’en 1938 dans Les Airs du mois (O : Ms 214). Il est surtout l’auteur des deux-cent-soixante Quatrains composés entre 1923 et 1925 qui furent réunis dans les Quatre Livres des Quatrains (P : Ms 434). Et la fausse question posée dans la préface au Premier Livre de ce recueil laisse assurément entendre l’une au moins des raisons du goût de Jammes pour cette forme lapidaire, capable de sertir un hommage comme de fourbir une pique, de cueillir une sensation passagère comme de retenir une existence entière :
Qui donc peut […] croire que quatre vers
sur qui l’on pose un regard distrait enferment et
retiennent le drame d’une existence toute entière ?
Les douze quatrains professionnels et poétiques du Ms 47 étaient inédits jusqu’à leur publication dans le Bulletin n° 18, décembre 1992 (pp. 66-70), de l’Association Francis Jammes qui avait fait l’acquisition du manuscrit chez Drouot, le 1er juillet 1986. S’ils sont d’inégale valeur, certains de ces quatrains – comme « L’épicier », « Le Forgeur de Pégase » (Le maréchal-ferrant), « Le pharmacien » – ne manquent ni de charme ni d’humour.
Suit, précédée d’une note, la transcription (13 ff. ; dim : 27 x 21) par Madame Francis Jammes des 12 quatrains de cette année 1930.