Ms 517 (Pau)

Les Robinsons basques (Date de publication : 1925)

De ce roman qui paraîtra au Mercure de France en 1925, le Ms 517 donne :

1. - la copie complète par Bernadette Jammes ;
2. - le brouillon autographe mais incomplet du roman.
Étui et emboîtage vert réalisé à la demande de Jean Labbé.

1. - La copie complète par Bernadette Jammes :

Elle occupe trois cahiers d’écolier (dim : 22 x 17). Le premier, le plus épais (plus de 130 ff.) est à couverture bleue et à petits carreaux. C’est Jammes lui-même qui, sur la première page, a inscrit le titre de son roman et son sous-titre : « Le Conte à dormir debout », ainsi qu’une dédicace « à la mémoire de Goya y Lucientes ». Surtout, il a travaillé sur la copie de sa fille, parfois abondamment. Le second cahier (27 ff.), à couverture grise, présente, lui aussi, de nombreuses corrections de l’auteur et même certaines pages entièrement de sa main. Le troisième cahier (9 ff.), à couverture rose, est signé par l’auteur.

Ms 517 (Pau) ; cahier 1 / Consulter le document sur Pireneas
Ms 517 (Pau) ; cahier 2 / Consulter le document sur Pireneas
Ms 517 (Pau) ; cahier 3 / Consulter le document sur Pireneas
2. - Le brouillon autographe mais incomplet du roman :

Cahier d’écolier bleu (62 ff. ; dim : 22 x 17). Le brouillon qu’il contient est parfois assez différent de la copie par Bernadette Jammes et donc du texte imprimé. C’est un fragment du roman dont l’auteur n’a pas encore distingué les différents chapitres : il va de ce qui sera le chapitre III (« La généalogie ») au chapitre XII (« La répétition générale »), soit de la p. 38 à la p. 186 du texte que publiera le Mercure de France.

Ms 517 (Pau) ; brouillon autographe / Consulter le document sur Pireneas

Le sous-titre − « Le Conte à dormir debout » − ajouté par Jammes à la copie de sa fille a été supprimé. Il ne manquait pourtant pas de donner une assez bonne idée de ce qui suit, et pas seulement parce qu’il faisait allusion à un épisode-clé du roman (le somnambulisme de l’un des personnages).

L’histoire est en effet assez « mirobolante », pour employer un adjectif cher à l’auteur. Jacob Meyer, bouquiniste à Bayonne, bientôt secondé par son neveu, Eliézer, raconte au narrateur comment le peuple basque serait né des jeunes et purs Iguskia et Ilhargia, seuls rescapés de l’Eskualdunak, navire venu d’Asie, sabordé par son capitaine.

Or, cette légende aux épisodes successifs, parfois épiques, est une invention destinée à séduire le narrateur, lui-même poète et conteur. C’est que ce dernier détient la clé des grottes d’Isturitz (voisines de Hasparren, Jammes en parle souvent) au profond desquelles se trouve un trésor. Eliézer, cependant, se trahit au cours d’une crise de somnambulisme consécutive à l’ingestion… d’écrevisses (dont on sait qu’elles « avancent à reculons »).

 Grandes orgues des grottes d’Isturitz / Association Francis Jammes Orthez
Rennes gravés sur une paroi des grottes d’Isturitz / Association Francis Jammes Orthez

Le narrateur passe alors à l’offensive. Avec la complicité d’Eva, sa jeune et jolie cousine, il va tendre aux deux mystificateurs un piège aussi drôle que gracieux. L’histoire finit bien : le trésor va retrouver sa place dans la grotte d’Isturitz, Eliézer épouse Eva et se convertit, « la race basque triomphe de l’étranger ».

Par sa drôlerie, un chapitre du livre – « Les Etats-généraux » – sauve le livre du ratage complet : Francis Jammes retombe sur ses pieds avec la description du repas et des convives, la transcription des propos échangés et la joute des deux koblaris (improvisateurs basques). Par ailleurs, ce chapitre permet à l’auteur d’exprimer – sans emphase et sans recours aux enjolivements légendaires – ce qu’il aime partager avec le peuple basque depuis qu’il vit à Hasparren : cet étonnant mélange de réalisme et de poésie, de violence et de candeur.

 

Jacques Le Gall