Six manuscrits concernant ce texte sont conservés à Orthez. Quatre seulement ont été numérisés.
Le Ms 56
Cahier d’écolier orange portant le titre « Sacré Cœur d’après Sainte-Gertrude ». Non signé, non daté. Encre, crayon et crayon de couleur. Francis Jammes a ici réuni un certain nombre de notes préparatoires pour ce qui deviendra Saint Louis, roi : un bref historique des huit croisades, des dates clés, des repères biographiques ou géographiques, des référence à Joinville (qui constituera, comme indiqué au début du texte définitif, la source principale, « un exact miroir du Saint et du Roi »), des memoranda historiques (sur l’Espagne et le royaume de Castille), des embryons de plan.
Le Ms 56a
(56 ff. ; dim : diverses), non signé (une date : « Hasparren, 15 décembre 1933). Encre, crayon et crayon de couleur. La lecture de ces feuillets n’est pas facilitée par les supports variés, les numérotations diverses, les ratures. Ce qui ne fait aucun doute, c’est que Jammes enrichit la matière documentaire de son livre : il jette par exemple des notes sur les feux grégeois ou le Nil, sur les Templiers ou la Chanson de Roland, sur l’alchimie et la sorcellerie ; il pose de nouveaux repères biographiques, réserve des citations extraites des Écritures, rédige un « Résumé de la vie de Saint Louis (1214-1270)…
À côté de ces notes de travail, figurent – mais certains seront largement retouchés – divers fragments rédigés : ils concernent par exemple la maladie de Saint Louis après la victoire de Taillebourg sur Henri III, la justice que rend le roi à Vincennes, sa remise en liberté contre rançon et reddition de Damiette, ses relations avec la reine Marguerite et son caractère « divers » (que Jammes traduit par « inattendu » et non par « bizarre »)...
Le Ms 56b
Notes (2 ff. ; R/V) au crayon sur couverture du Bulletin de la Société des Bibliophiles de Guyenne (3ème trimestre 1933).
Le Ms 56c
Ce manuscrit (feuillets de dimensions diverses, encre, crayon et crayons de couleur) commence par un chapitre inédit intitulé : « Le lis à l’ombre des grenadiers ». Puis viennent des fragments rédigés ultérieurs à ceux du Ms 56a. Les cinq derniers feuillets (ils sont numérotés de 4 à 8) correspondent par exemple (avec quelques variantes mineures) aux pages 131 à 136 de l’édition en volume de 1941. Une partie de ce manuscrit, acquis chez Drouot, le 23 mars 1988, par l’Association Francis Jammes, est de la main de Madame Francis Jammes.
Le Ms 56d
Cahier d’écolier (dim : 22 x 17) à couverture cartonnée avec l’écriture de Bernadette Jammes contenant le chapitre inédit (« Le lis à l’ombre des grenadiers ») et le texte définitif jusqu’à la page 53. Manuscrit non daté, encre et crayon. Non numérisé.
Le Ms 56e
Cahier à couverture cartonnée qui s’ouvre sur la chronique parue dans Le Figaro du 25 août 1933 avec pour titre : « Portrait en pied de Saint Louis roi ». Le récit commence par le texte inédit du chapitre inédit (« Le lis à l’ombre des grenadiers ») pour aboutir à la page 29 de l’édition définitive et se poursuivre jusqu’à la page 76. Date : 11 novembre [1933]. Acquisition Forlico, juillet 1987. Non numérisé.
Saint Louis, roi est une œuvre de commande, comme Lavigerie, cette autre biographie écrite en 1926. Ainsi que l’a montré Hélène Charpentier (Bulletin de l’Association Francis Jammes n° 17, juin 1992) à partir d’une correspondance avec Charles Veillet-Lavallée, c’est François Mauriac qui, après lecture da la chronique de Jammes parue dans Le Figaro du 25 août 1933 (Ms 56e), en fut l’instigateur. Mauriac venait d’être élu à l’Académie française (1er juin 1933) et collaborait aux Éditions du Siècle, dirigées par Gérard de Catalogne, quand il projeta d’y lancer une collection intitulée : « Leurs Saints Préférés ». En septembre 1933, il proposa à son vieil ami d’inaugurer cette collection avec Louis IX.
Le contrat fut signé et Jammes se mit au travail d’arrache-pied durant quatre mois. Il dut ajouter une quarantaine de pages dactylographiées pour complaire à son éditeur qui, avant de s’enfuir en Haïti, poursuivi par les dettes, lui adressa un chèque d’un montant très inférieur à celui que prévoyait le contrat. Fernand Sorlot remplaça le failli à la tête des Éditions du Siècle et s’efforça de régler le contentieux en différant la publication en volume et en proposant une publication en feuilleton dans La Revue des Églises de France (« revue mensuelle du monde catholique ») que son ami Alix venait de lancer. Les livraisons par cette luxueuse revue (elle connut 16 numéros) furent assez irrégulières et s’échelonnèrent de février 1935 à mars 1936. Encore ne furent publiés sous cette forme que les deux tiers environ du texte définitif. Le texte intégral ne parut en volume qu’après la mort de Jammes, en 1941, à Paris, chez Fernand Sorlot, illustré par Edmond Ernest, dans la collection « Les Artisans du style ». Les lettres de Jammes à Charles Veillet-Lavallée (ce vieil ami servira de relais avec l’avocat Franc-Nohain) montrent ce que coûtèrent au Patriarche les manquements et tracasseries qui accompagnèrent la publication de Saint Louis ou l’Esprit de Croisade.
Saint Louis ou l’Esprit de croisade, ill. par Edmond Ernest, Paris : Fernand Sorlot, 1941
Bibliothèque Patrimoniale de Pau, cote 59226R