Francis Jammes a toujours eu le sens de l’amitié. Dès l’adolescence, à Bordeaux, il se fit d’indéfectibles amis. De son âge : Charles Lacoste, Charles Veillet-Lavallée, Jean Segrestaa. Ou sensiblement plus âgé que lui : Armand Clavaud.
D’autres amitiés naîtront. Il est difficile de ne pas citer d’abord ceux qui furent ou devinrent les plus célèbres. Des écrivains : André Gide, Paul Claudel, André Suarès, François Mauriac, André Lafon, Paul-Jean Toulet, Remy de Gourmont, Charles Guérin, Albert Samain, Robert Vallery-Radot, Marcel Schwob, Henri Ghéon, Gustave Kahn, Francis Vielé-Griffin, Alexis Leger (le futur Saint-John Perse), Charles-Louis Philippe… Des musiciens : Henri Duparc, Raymond Bonheur, Darius Milhaud, Ermend Bonnal, Edouard Brunel… Des peintres : Odilon Redon, Eugène Carrière, Hubert Damelincourt (qui n'oublia pas Jammes dans la fresque qu'il peignit pour l'église de Baigts-en-Béarn), Ramiro Arrue, Albert Besnard, Jacques Émile Blanche, René-Marie Castaing, Maurice Denis, José Gonzalez de la Peña, Henry Lerolle…
Mais d’autres amis, à des titres divers, jouèrent un grand rôle – plus ou moins grand – dans la vie de Jammes : Hubert Crackanthorpe, Joseph Lamieussens, Arthur Chassériau, Thomas Braun, Arthur Fontaine, Dom Michel Caillava, Charles de Bordeu, Léonard Constant, Charles de Saint-André ("Ursuya", la "source Dixième" lui est dédiée), Amaury de Cazanove (le chevalier de Sallespisse), Henri et Marie Dufaur (les châtelains de Sus), Louis Barbey (le propriétaire du domaine à myosotis de Castétis), Joe Guillemin (l'ami de Toulet, propriétaire de la villa Navarre où Jammes alla parfois), Christian Cherfils, Francis Planté, Jean Balde, Henri Sempé (rédacteur au Patriote des Pyrénées), Paul Lafond, Léopold Bauby (le lettré), Lucien Candau, Gabriel Sarraute (le prêtre), Gabriel Frizeau (le mécène), Paul-Louis Weiller (un autre mécène), le commandant William Boissel (créateur du Musée Basque à Bayonne), Henry Russell (le pyrénéiste), l'abbé Henri Bremond (qui consacra 5 forts volumes à l'étude du sentiment religieux dans la littérature)… Ils étaient nobles ou roturiers, artistes ou artisans, prêtres ou laïcs, riches ou pauvres …
À la fin de la vie de celui qui s’appelait lui-même « le Patriarche », les visiteurs continuaient d’affluer à Hasparren, maison Eyhartzea : Valéry vint le voir l’été de 1928, Maurice Martin du Gard (l’auteur de Les Mémorables) devint un ami… Jammes allait parfois à leur rencontre, à Lendresse (où l’invitait Martin du Gard), à Bayonne, à Biarritz, à Hossegor.
Parmi ces visiteurs, on peut citer François Duhourcau, valeureux combattant de la Grande Guerre et écrivain (Ms 231 : 5 lettres autographes de cet écrivain adressées à Jammes), le sculpteur Georges-Cément Swiecinski qui fit un buste de Jammes, les peintres Madeleine Luka et José de la Peña, Jacques Palmé, le marquis d’Arcangues, la comtesse de Castries qui le présenta à la princesse Bibesco, Anna de Noailles, Tristan Derème, Francis Carco…). À Eyhartzea, venaient aussi, parmi les amis de toujours, des habitués comme l’abbé Dibildos (1856-1939 : directeur général de la Compagnie des Externats de lycéens, directeur de l’école Bossuet, fondateur de l’école Gerson), l’économiste Charles Dupuis, le mathématicien Louis Julia, l’abbé Mugnier, et de jeunes poètes – des disciples – comme Armand Godoy, Jean Lebrau (le poète-vigneron de Moux), Pierre Espil ou Jean Labbé.
"Que d'amis !", s’exclame Joseph Zabalo dans La Lettre de l’Association Francis Jammes n° 5 (décembre 2009). « Quels sont les ressorts de ce don d’amitié ? », s’interroge l’abbé. Et de livrer les premiers éléments de réponse : « D’abord une nature expansive et généreuse, ensuite un besoin d’être assisté, enfin une soif d’être admiré. Ajoutez-y une virtuosité verbale hors du commun, une drôlerie constante, et […] ». Oui, « et » quoi encore ? Ce qui suit réunit des informations et documents qui, peut-être, permettront à chacun de se faire une idée…
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